CRIME D’AMOUR d’Alain Corneau

Publié le 21 août 2010 par Celine_diane

L’entreprise et les ambigüités des rapports hiérarchiques. Voilà un thème que Corneau avait déjà abordé dans son adaptation du roman de Nothomb, Stupeur et tremblements. L’intensité du rapport dominant/dominé, et les minces frontières entre soumission, vampirisation et séduction sont ici le terreau d’un combat entre deux femmes, psychologique, puis, physique, une emprise successive de l’une sur l’autre, pour le pouvoir, la victoire, la gloire. Scott Thomas et Sagnier (incarnations parfaites de la force et de la férocité féminine) se livrent alors une bataille parfois ludique, souvent impitoyable, dans une œuvre hitchcockienne qui prend plaisir à construire, détruire, rebâtir, à la fois son intrigue et ses protagonistes. Réflexion sur la faiblesse, sur la dépossession de soi, critique latente du monde de l’entreprise, de ses rouages et de ses êtres glacés et glacials, emprisonnés dans des bâtiments de verre, et, enfin, thriller impeccable de maîtrise, au montage aussi sec que les résolutions des passions (le meurtre de sang froid), Crime d’amour est une histoire de crime d’abord, du passage à l’acte criminel en substitut à l’impossible acte sexuel; et une histoire d’amour aussi. D’amour de soi, de son propre corps, de sa réussite. Pour le reste, et pour reprendre Nothomb : "Si vous voulez connaître la lie des sentiments humains, penchez-vous sur les sentiments que nourrissent les femmes envers les autres femmes : vous frissonnerez d'horreur devant tant d'hypocrisie, de jalousie, de méchanceté, de bassesse." Tout est dit.