Une nouvelle preuve s’il en était besoin : fier comme Artaban, le Troll de l’Elysée annonçait le 23 juillet 2010 devant les ouvriers des chantiers navals de Saint-Nazaire la conclusion d’un accord imminent et en acier trempé avec la Russie pour la construction de deux bâtiments de guerre. A cette occasion Sarkofrance remarquait fort opportunément sur Marianne2 qu’à Saint-Nazaire, Sarkozy enterrait bien l’industrie française en raison des «substantiels transferts de technologie essentielles et fondamentales» exigés par la Russie. Pour ceux qui n’auraient pas de mémoire, il ne s’agissait d’ailleurs que d’un recyclage de promesses…
J’avais déjà eu l’occasion d’épingler Frédéric Lefebvre qui ne pouvait s’empêcher de se vanter pendant la campagne électorale de ce magnifique succès pour casser du sucre sur le dos des socialistes. L’information était donnée par une dépêche des informations de la marine marchande Chantiers de St-Nazaire du 3 mars 2010.
Le succès était pourtant loin d’être aussi garanti que ne le prétendait Nicolas Sarkozy devant les ouvriers des chantiers navals le 23 juillet : «Le contrat, on est en train de le négocier, mais la décision de le faire, elle est certaine» et en vendant la peau de l’ours avant qu’il ne soit tué pour se faire mousser le Tartarin de l’Elysée pourrait bien avoir compromis les négociations en cours.
C’était du moins la thèse développée par Novopress.Info (Breihz) le 27 juillet 2010 Nicolas Sarkozy a-t-il annoncé trop vite la vente de deux bateaux à la Russie ? : «L’annonce de la construction de deux bateaux pour la Russie est un message d’espoir pour le personnel des chantiers nazairiens. Pourtant, rien n’est acquis et la déclaration faite par le président de la République la semaine dernière pourrait même fragiliser la position des négociateurs français»… CQFD !
Je ne me trompe pas en affirmant depuis longtemps que Nicolas Sarkozy est un alchimiste d’un genre très particulier, capable de transformer l’or de n’importe quoi en vil plomb ! Mais le jour où “l’homme pressé” saura suivre le conseil que l’on nous donnait dans notre enfance : «tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler» - prendre le temps de la réflexion – n’est sans doute pas prêt d’advenir !
Toujours est-il que je ne fus pas le moins du monde surprise de lire hier soir ce titre La Russie lance un appel d’offres pour la construction de deux navires de guerre sur la newsletter de 20 minutes. Je pointai l’info mais après une rude journée de labeur dans mes rangements et grand ménage – je m’attaque aux bibliothèques ! – je n’avais qu’une hâte : m’écrouler de fatigue dans mon lit. Pourtant comme le souligne le sous-titre : «jusqu’alors, Paris et Moscou étaient en «négociations exclusives»…
Or donc, la Russie vient de lancer un appel d’offres international pour deux navires de guerre de la classe du français Mistral sur lesquels Paris et Moscou négociaient, appel d’offres auquel la France est invitée à participer… en concurrence avec les autres constructeurs.
Ce qui signifie à l’évidence que ces négociations ont capoté et que la bévue de Nicolas Sarkozy n’y est peut-être pas étrangère. Il avait pourtant reçu d’autres avertissements bien sentis. J’avais déjà souligné en son temps (6 janvier 2010) au sujet des miraculeux contrats sur les avions de Marcel Dassault Tintin-Tartarin-Sarko au Brésil : «Flop ! flop !» en Rafale(s) que Nicolas Sarkozy était incapable de comprendre que les prétendus “contrats du siècle” n’avaient aucune valeur tant qu’ils en restaient à de prudentes “lettres d’intention” lors même qu’aujourd’hui, même signés, les contrats ne sont plus que de vulgaires torche-cul !
On se rappelle utilement l’EPR d’Areva – pourtant allié à EDF pour la circonstance – les Emirats ayant préféré un constructeur sud-coréen comme je le soulignai le 28 décembre 2009 Nucléaire : l’EPR d’Areva prend l’eau dans les Emirats… la faute à Sarko ? : 14,1 milliards d’euros passant sous le nez de la France…
Sans même parler des promesses de Lulla concernant le sort de Cesare Battisti qui devait obtenir le statut de réfugié politique. Bafouée par la justice brésilienne. Ou des promesses sur le sort de Florence Cassez ramenées d’un voyage privé au Mexique, quand bien même aurait-on appris en suite que son arrestation à grand spectacle fut une magouille de la police : elle est toujours emprisonnée.
Résultat une fois de plus de la “mentalité magique” de Nicolas Sarkozy. Comme les enfants et les personnes très simples d’esprit qui imaginent qu’exprimer un souhait suffit à le réaliser, le chef de l’Etat croit que tout est réglé dès qu’il a annoncé quelque chose : «Ya pu de problème j’ai parlé !». Ce serait peut-être le cas si Sarkozy parlait moins mais à bon escient, s’il s’abstenait de mentir à tout propos, de recycler éternellement les mêmes promesses jamais tenues…
Il a perdu toute crédibilité, y compris à l’étranger et ce nouvel épisode illustre le cas que l’on y fait des tartarinades de Nicolas Sarkozy : «cause toujours tu m’intéresses». Pommade diplomatique dans le dos - faut pas l’énerver, c’est un teigneux - et coup de pied de l’âne.