Le port de la Flotte noir de monde et la mer déserte. A peine quelques voiles dans le soir qui tombe et la majorité des bateaux à quai pour être aux premières loges dans ce théâtre d’Aviateurs dessinateurs. L’avion du Petit Prince est posé tout au bout du quai, sur le bord du flot comme une caravelle en attente de grands voyages. C’est précisément à cet endroit qu’aura lieu, quand la nuit sera tombée, l’embrasement qui fera naître le Petit Prince en même temps que le feu d’artifice.
En attendant, il faut patienter dès 19 heures, parfois plus tôt pour ceux qui veulent les meilleures places, et voir paisiblement le soleil disparaître, l’ombre envahir les façades, les lumières s’allumer une à une dans le décor du vieux port où les musiciens de « l’harmonie » de La Flotte tâchent d’accompagner l’impatience des spectateurs.
La nuit tombe et c’est le rideau qui se lève : le visage de Saint-Exupéry, aviateur metteur en scène, est projeté sur l’une des façades et le délire de feux peut commencer. L’avion est l’engin du Rêve, entouré de grandes torches incandescentes et la musique alterne avec la voix de Pierre Arditi qui dit le fameux texte… « Dessine-moi un mouton… » Un mouton et tout le reste… Le ciel est déjà devenu un immense papier Canson.