Un article du Monde daté du 20 août et consacré à l’expulsion des Roms m’a permis d’apprécier l’excellence de notre Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Le journaliste, Mirel Bran, m’a appris ce que Pierre Lellouche avait déclaré le 11 février lors de sa visite à Bucarest. Il en cite un extrait, qu’il introduit par cette phrase éloquente : « il n’a pas mâché ses mots ». Notre éminent ministre aurait dit : « La plupart des difficultés que nous rencontrons au niveau de la criminalité et de la délinquance en France sont liées, à 90%, à des gens qui détiennent un passeport roumain ».
S’il s’est bien exprimé ainsi, je pense que ce type est aussi doué pour être ministre que moi pour être danseuse étoile. Inutile d’aller vérifier ses notes de frais, de tels propos étaient suffisants pour que notre guide le vire dès son retour de Roumanie. Prétendre, sans d’ailleurs fournir la moindre justification chiffrée, que les Roumains sont responsables de 90% de la délinquance en France revient à dire que les blancs, blacks, beurs, bien de chez nous, qu’ils soient Français, d’origine étrangère comme les Sarkozy, Estrosi, Mariani et autres, ou même carrément étrangers, ne constituent que 10% de la criminalité.
Il faut donc accélérer la déportation de tous ces Roms. Je sais, j’exagère, ils ne sont pas expédiés vers la mort dans des wagons à bestiaux mais repartent en avion dans leur pays, munis d’un viatique. Mais n’est-ce pas une faiblesse coupable ? Il y a pourtant un moyen de les empêcher définitivement de revenir et un gentleman prénommé Adolf s’y était employé avec un certain succès au siècle dernier. Et la preuve qu’il n’y avait là rien de mal, c’est que le bon pape de l’époque ne s’en était même pas ému.
Songez un peu à cette merveille ! En accélérant un peu les expulsions, d’ici quelques mois Nicolas Sarkozy pourrait réussir à diviser par dix l’insécurité qui déchire notre pays. Il ne resterait plus qu’à réunir le Parlement pour adopter une révision constitutionnelle faisant de notre super héros un Président à vie. Il disposerait alors du temps nécessaire pour faire tout aussi brillamment disparaître le chômage.