Henri-B. Boivin
ADA éditions
197 pages
Résumé:
Une frégate transportant une centaine de passagers et une vingtaine de membres d'équipage faisait naufrage sur des récifs au large de l'île d'Anticosti, en 1730. Les survivants se virent dans l'obligation de passer l'hiver dans les pires conditions, mais avec l'espoir d'être secourus le printemps venu. Comme si le froid et la faim ne suffisaient pas à les rendre misérables, la mutinerie d'une bande de malfrats vint ajouter aux épreuves de ces colons aucunement préparés aux dures réalités d'une nature peu généreuse, durant la pire saison pour survivre à un naufrage. L'arrivée d'autochtones sera salutaire pour certains, mais funeste pour d'autres. De telles conditions de vie font ressortir ce qu'il y a de meilleur et de pire chez l'être humain. Des liens d'amour et de haine se tisseront parmi l'équipage et les passagers. Seuls les plus coriaces et les plus chanceux réussiront à s'en sortir.
Mon commentaire:
Le naufrage de l'Audacieuse est une belle surprise. Ce roman, écrit et raconté comme les histoires que nos ancêtres narraient au coin du feu, nous offre avec un brin d'humour noir les mésaventures d'un groupe de naufragés. Devant passer tout un hiver sur une partie des terres ostiles et inhabitées de la Nouvelle-France (nous sommes loin des grandes villes de Québec et Montréal) les naufragés doivent leur survie à leur imagination. Seul un petit groupe s'en sortira. On apprend aussi à la fin, ce que deviendront les survivants.
Ce roman est original car il va au-delà de l'aspect historique. Se rapprochant beaucoup plus du conte, il est remplit de bourdes et de clin d'oeil, de jeux de mots et d'humour noir. Avec l'auteur, on accompagne les naufragés dans leur combat quotidien pour survivre. On suit parallèlement deux groupes de personnages, chacun devant lutter pour sa survie. La principale préoccupation est la nourriture. Tous les moyens sont bons pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent! Les naufragés doivent faire face aux rigueurs de l'hiver, au problème du logis, à la recherche constante de bois de chauffage et aux menaces de scorbut qui pèse sur le groupe.
En survolant une époque historique intéressante et en réinventant en quelque sorte le mythe du naufragé, l'auteur nous livre un roman très près du conte, avec ses personnages colorés aux noms très évocateurs.
Un roman différent qui m'a beaucoup plu, écrit avec une certaine légèreté et beaucoup d'humour, malgré la gravité de son sujet.
Un extrait:
"Avec le bois récupéré de la mer, le capitaine fit construire un bâtiment rectangulaire servant de dortoir et d'abri à une cinquantaine de personnes bien cordées, avec un espace prévu pour un foyer en plein milieu, un trou ayant été aménagé dans le plafond pour laisser s'échapper le plus gros de la fumée. Bien sûr, les personnes placées près du feu allaient crever de chaleur et les plus éloignées grelotteraient, mais on avait prévu une rotation permettant de suer et de claquer des dents à tour de rôle, ce qui procurerait l'immense avantage de changer le mal de place, comme on dit." p.32