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Je suis retombé il y a quelques jours sur des articles
traitant de la débâcle de 1940 face aux armées allemandes. On ne peut expliquer
cette déroute par le manque de combativité des troupes. On l'oublie trop
souvent mais les pertes ont été effroyables (de 55 000 et
123 000 morts, et entre 120 000 et 250 000 blessés) en
seulement quelques semaines.
L'une des hypothèses admise désormais est la "trahison" des élites
qui ne croyaient pas dans la capacité du peuple à vaincre. Cette thèse a été
développée entre autres par Marc Bloch dans "L'Etrange défaite" écrit
à chaud en 1940.
Alors, pour masquer ses propres incapacités, les élites chargèrent le peuple au
lieu de regarder en face leurs propres manquements. Cette citation de Bloch est
saisissante :
« Nous venons de subir une incroyable
défaite. À qui la faute ? Au régime parlementaire, à la troupe, aux
Anglais, à la cinquième colonne, répondent nos généraux. À tout
le monde, en somme, sauf à eux. »
Bizarrement, j'ai l'impression que rien n'a changé et que nos élites sont dans
la même posture idéologique. Elles refusent de voir leur échec total au niveau
économique, social ou diplomatique. On accuse l'étranger, les 35 heures,
l'Europe mais on ne fait jamais un examen lucide de ses propres manquements.
Sans oublier, notre couardise face aux pays émergents et notre incapacité
totale à négocier. Notre vision du libre-échange est ainsi d'une naïveté
ahurissante: on ouvre nos frontières mais on ne dit rien lorsque la Chine joue
la préférence nationale ou vole nos technologies. On s'excuserait presque.
Alors 1940-2010, même combat ?