Le Dornier Do-228 renaît de ses cendres
L’industriel suisse Ruag, qui mčne habilement une stratégie de niches, redonne vie au bimoteur utilitaire Dornier Do-228 (notre illustration). Dans une version modernisée (nouveau type de moteur, planche de bord numérique), le petit appareil allemand entame une nouvelle carričre, prčs de 30 ans aprčs le premier vol de la version originelle. Laquelle fut conçue ŕ l’époque oů Dornier, nom respecté du secteur, semblait encore avoir tout l’avenir devant lui.
Le Do-228, désormais 228NG pour Next Generation, est un appareil d’une capacité de 19 places qui se pręte bien ŕ l’exploitation de lignes régionales ŕ faible trafic ou joue efficacement le rôle de camionnette aérienne capable de desservir les régions les plus inhospitaličres. Il a connu un succčs honorable et a par ailleurs été produit sous licence en Inde.
Aujourd’hui, son nouveau départ prend des allures d’opération franchement internationale. En effet, le maître d’œuvre est suisse, d’importants sous-ensembles sont fabriqués en Inde par Hindustan Aeronautics et la chaîne d’assemblage final de l’avion est installée en Allemagne ŕ Oberpfaffenhofen (1), sičge de la principale usine de Dornier, vestige d’un passé glorieux.
L’homologation par l’Agence européenne de la sécurité aérienne est d’ores et déjŕ acquise et le premier 228NG sera livré dans quelques semaines ŕ son acheteur japonais. Męme s’il s’adresse ŕ un marché potentiel étroit, nul doute qu’il connaisse un certain succčs, et cela malgré une concurrence sévčre. Et c’est bien lŕ que réside l’aspect étonnant du dossier, les rivaux de l’appareil helvético-allemand ayant, eux aussi, un âge respectable.
Le premier n’est autre que le vénérable Twin Otter, lancé au début des années soixante par de Havilland Aircraft of Canada, avionneur de Downsview (Ontario) qui finit par aboutir dans le giron du groupe Bombardier. Une petite société indépendante, Viking, a racheté les droits du Twin Otter, lequel entame lui aussi une nouvelle carričre. Par ailleurs, voici qu’est annoncée la renaissance du Britten-Norman BN-2 Islander. Il fut l’enfant chéri de John Britten et Desmond Norman, deux créateurs de talent déjŕ oubliés, qui avaient conçu cet avion Ťrustiqueť trčs ŕ l’aise sur des pistes sommaires oů d’autres ne se risquent pas.
Les responsables des 228NG, Twin Otter et BN-2 semblent s’ętre mis d’accord pour faire un pied de nez aux grands industriels Ťde nouvelle générationť qui tournent résolument le dos aux avions Ťbasiquesť, lesquels conservent pourtant tout leur intéręt. Il est vrai qu’ici, aucun espoir de production en grande série n’est en vue.
Par ailleurs, ŕ cette occasion, on peut s’interroger sur le rythme réel des progrčs aéronautiques. Bien sűr, ces vraies-fausses nouveautés sont dotées de moteurs performants, d’hélices améliorées et d’une planche de bord dernier cri. Mais, par ailleurs, on pourrait croire ŕ un curieux arręt sur image. Sympathique, étonnant.
Pierre Sparaco-AeroMorning
(1) Un vrai cauchemar orthographique pour les secrétaires de rédaction français.