Vacances françaises : Dimanche 4 juillet

En comité un peu plus restreint (mon papa, sa nouvelle femme, mon frangin et sa chérie, les 2 neveux de ma belle-mère et la copine de l’un, chéri et moi), nous sommes allés visiter le Château de Guédelon. Il s’agit d’un château du Moyen Age en cours de construction avec les moyens de l’époque.

Suite à une étude archéologique réalisé sur son château de Saint Fargeau, M. Guyot eut l’idée de Guédelon. Cette étude révéla un château du Moyen Age englouti sous les briques rouges du XVème siècle. L’idée surgit : “Et si on bâtissait un château fort comme au Moyen Age?”

L’idée a jailli, il faut la concrétiser… M. Martin se charge de monter le projet : trouver le lieu, convaincre les administrations, trouver les partenaires, obtenir les autorisations nécessaires, recruter les premiers ouvriers… Le terrain est trouvé en forêt de Guédelon. Un sondage du sol a été réalisé afin de vérifier que le futur château n’allait pas être construit sur un site archéologique de premier intérêt. Le site naturel regorge des principales matières premières nécessaires à la construction : la pierre, le bois, le sable, la terre et l’eau… Le permis de construire est déposé en 1997 et le chantier ouvre au public en 1998.

Guédelon c’est construire pour comprendre. Nous avons un comité scientifique composé d’historiens de l’art, d’archéologues et de castellologues qui nous renseignent et suivent notre chantier. Pour retrouver les informations et pour éviter les “fautes de goût”, une méthodologie a été mise en place : interrogation des châteaux du XIIIème siècle, observations des enluminures et des vitraux de l’époque et consultation des comptes de chantier. Afin d’assurer une crédibilité scientifique et historique, un scénario a été mis en place. A Guédelon, nous sommes au premier tiers du XIIIème siècle. Le chantier débute en 1229. Le seigneur du château est un cadet de la famille Courtenay.

Environ 35 ouvriers-salariés travaillent à la construction du château. Cette équipe de professionnels reçoit l’aide ponctuelle de “bâtisseurs temporaires” (particuliers passionnés, stagiaires en formation, jeunes d’établissements spécialisés…) Les ouvriers travaillent à la main avec les outils du XIIIème siècle mais leur sécurité est assurée avec les moyens du XXIème siècle (chaussures de sécurité, casques, lunettes de protection, renforts sur les échafaudages…)

Source : Brochure remise lors de la visite

Il faudra environ 60.000 tonnes de pierre pour construire le château. La pierre de la carrière est du grès ferrugineux, d’où sa couleur rouille. Le calcaire, utilisé par les tailleurs de pierre pour les ouvrages d’art, vient d’une carrière située à 30km.

Les charpentiers sont chargés de toutes les réalisations en bois du chantier : charpentes, pont dormant, engins de levage, cintres servant à soutenir les voûtes, portes, caisses à outils … Les tuiliers fabriquent à partir de la terre glaiseuse (terre grasse contenant de l’argile) les tuiles et les carreaux de pavement du château. Le four peut cuire près de 3.000 tuiles en une fois, à une température de 1.100°C. Il faudra 25.000 tuiles pour couvrir la toiture du logis. Des tavaillons (appelés aussi bardeaux) sont des tuiles en bois. Ils sont confectionnés sur place pour couvrir certaines charpentes.

Les cages cages à écureuils sont les grues du Moyen Age. Plusieurs mois de recherches de d’étude ont été nécessaires pour finaliser les 2 cages à écureuil. Un seul ouvrier peut soulever une charge de 300 à 400 kg à plusieurs mètres de hauteur.

La principale activité du forgeron est de réparer ou fabriquer les outils que le tailleur de pierre use, déforme ou casse (plusieurs par jour). Au Moyen Age, le prix du fer était très élevé donc le moindre outil usé ou cassé est transformé dans le foyer et sur l’enclume pour devenir un nouvel outil opérationnel. Le forgeron réalise également toutes les pièces métalliques du château : gonds et pentures de porte, grilles de fenêtres, les 700 clous forgés du pont dormant…

Le vannier fabrique de gros et solides paniers en osiers à 2 ou 4 poignées appelés mannes.  Ces paniers servent aux transports du mortier, de petites pierres…

Le cordier fournit le chantier en cordage plus ou moins longs et plus ou moins gros selon les utilisations.

Deux chevaux de trait assurent les transports de matériaux sur le chantier et le débardage des bois en forêt.

Les maçons utilisent du mortier pour coller les pierres entre elles. Celui-ci en obtenu en mélangeant de la chaux aérienne, du sable et de l’eau.
La fileuse de laine est installée dans la plus grande maison du village. Il s’agit d’une maison à pans de bois, murs de torchis et couverte de tavaillons. Les couleurs pour teindre la laine sont obtenues avec du pissenlit, de la cerise, de l'indigo, de la garance, de la peau d'osier, de la fougère, etc.....

Le château devrait être fini en 2025 mais les projets ne manquent pas pour après : un village, une abbaye…

Au cours de notre visite, nous avons déjeuné à la taverne : écuelle du forgeron (œufs brouillés, saucisses fumées et gésiers confits à l’ail) pour chéri et écuelle du carrier (jambon et gigot grillés aux châtaignes et romarin) pour moi et en dessert une très bonne crème cannelle/cardamome.

   

C’était une belle surprise et une bien agréable journée. Nous y retournerons certainement dans quelques années…