Il est presque 21h30, le public se masse dans le Magic Mirrors.
On ressent une certaine tension. Il est vrai que ses admirateurs attendent Clarika avec impatience depuis la
"Avec elle, on ne va pas être déçu" me souffle ma voisine de droite qui trépigne d'impatience..
Je dois avouer que je ne possède à ce jour qu'un seul album de Clarika qui, je le reconnais, m'a séduit à la première écoute par le ton et l'écriture. Je ne l'ai jusqu'ici jamais vue "live" et je
me demande bien à quoi peut ressembler un concert de celle qui à la ville s'appelle Claire Kescei.
Les lumières s'éteignent, le public crie à pleins poumons, je vais enfin savoir.
Quatre musiciens s'installent dans la pénombre. L'intro de "Moi en Mieux" emplit le chapiteau, et Clarika apparaît. Couronne sur la tête, baguette de fée à la main, vêtue d'une robe tendance
sixties elle s'approche du micro pour déclarer: "Ca y est je suis devenue une icône , j'ai intégré les nouveaux codes, plus mystérieuse, plus inaccessible, j'aurai de temps à autre une larme sur
la joue..."
Reine du second degré et pratiquant souvent l'auto-dérision, Clarika annonce la couleur d'un show subtil, parfois cynique, toujours à propos, bourré d'humour, de folie et d'humanité.
" Tu dors tout le temps" précède " Les bavards" suivi de " De fille à femme". "Des bulles"...il y a quoi sous la mousse parfumée..?
Elle évoquera sa rencontre professionnelle avec Pierre Bellemare, avec humour, avant d'interpréter "Je ne serai
"Joker", "Bien mérité" évoquant les déterminismes et les sans-papiers, " Ca s'peut pas", "Patricia", l'histoire émouvante d'une infirmière devenue un peu sa copine, "l'Ennui"et sa mélodie
atypique, humoristique, un peu crispante, "Lâche moi, "autre moment d'émotion au texte magnifique d'une mère parlant à son jeune fils.
Les musicos assurent, portant littéralement le show dans les hautes sphères, parfois pop, tantôt rock.
Je vais vous présenter mes musiciens. Ovation de la salle." C'est pas les meilleurs, mais c'est pas les plus chers non plus ! " C'est tout Clarika ça, un humour direct qui fait mouche, une
distance par rapport à son personnage qui la rend plus que charmante..
"Moi aussi j'ai eu un hit, alors vous allez hurler quand je vais attaquer celle ci...et c'est parti pour une version survitaminée de "Les garçons dans les Vestiaires" au texte humoristico-sensuel
sous les cris et les bravos des spectateurs.
"Ne me demande pas", chanson d'amour précèdera " C'est un monde d'homme" adaptation géniale de "It's a man's man's world" de James Brown" qui mettra le feu à la salle. La guitare hurle, la basse
vrombit, Clarika prouve qu'elle a aussi une voix exceptionnelle.
Le Magic Mirrors est debout, les gens hurlent, Clarika fait un triomphe, j'en ai la chair de poule..
L'artiste reviendra, pieds nus, portant des lunettes lumineuses intégrant ses musiciens dans un numéro chorégraphique et musical hilarant. La version complète de " Moi en mieux" titre éponyme de
son dernier album mettra le feu.
"Les patineurs"' -à quoi rêvent les patineurs ?- et " Rien de tel" (qu'une petite chanson..) qui évoque ironiquement la gravité de notre destinée et sera repris en choeur par tout le chapiteau
clôtureront une prestation qu'on peut qualifier, sans exagérer, de triomphale.
Coup de chapeau à notre compatriote Jean-Jacques Nyssen - l'homme de sa vie qui fait le meilleur café du monde, et à qui elle rendit hommage en fin de set - qui a écrit la majorité des musiques
et qui tenait la console.
C'est sûr que ce soir la française a gagné de nouveaux admirateurs, à commencer par moi-même qui suis ressorti absolument conquis par ce petit bout de femme et par son spectacle mené à mille à
l'heure...