Dire que l'on attendait The expendables avec impatience est un doux euphémisme tant l'annonce du nouveau film de Sylvester Stallone nourrissait nos espoirs les plus fous.
Casting regroupant quelques-uns des plus grands noms du cinéma d'action des années 80, promesse d'un action-movie à l'ancienne, metteur en scène touché par la grâce et revenu des limbes depuis l'inoubliable Rocky Balboa: tout concourait à faire trépigner le fan du cinéma de gros bras à l'ancienne comme on n'en fait plus.
Le résultat: The expendables est jubilatoire de bout en bout, malgré quelques scories que je détaillerai plus loin.
L'histoire n'a à vrai dire que peu d'importance, puisque l'intérêt principal du film, c'est la castagne. Rappelons tout de même que Sylvester Stallone incarne un mercenaire qui va être chargé avec son équipe d'assassiner un général tyrannique sur une île d'Amérique du Sud. Du classique, donc.
A partir de ce canevas, Stallone va faire se succéder à l'écran des scènes toutes plus jouissives les unes que les autres, ponctuées de punch lines en provenance directe des années 80 (on n'est pas près d'oublier le "si tu ne poses pas ton flingue, je lui tire une balle dans l'oeil"). Car The expendables semble provenir tout droit de cette décennie qui a constitué l'âge d'or du cinéma d'action hollywoodien. En effet, aucun film d'action tourné depuis n'a su retrouver ce mélange de sincérité, d'absence de cynisme et de jusqu'au-boutisme.
Par ailleurs, le film témoigne d'une générosité de chaque instant, les séquences d'action pleuvant toutes les cinq minutes pour notre plus grand plaisir. Poursuite en voiture, déluges pyrotechniques, combats à mains nues, à l'arme blanche, fusillades inondant l'écran, membres coupés, décapitations, sang qui gicle: Stallone ne lésine pas sur la marchandise, et propose des scènes aux idées plus improbables les unes que les autres (Jason Statham mitraillant les hommes du général depuis le nez d'un avion, crâne au vent, ou encore Terry Crews dégommant du soldat à l'aide d'une arme tirant des balles transformant en passoire tout ce qu'elles touchent). Jubilatoire.
D'autre part, la séquence réunissant Stallone, Willis et Schwarzenegger dans une église procure un incommensurable plaisir. Tout d'abord, la manière dont le metteur en scène introduit ses deux comparses dans la scène suggère avant de montrer. Ainsi, l'on entendra la voix de Bruce Willis (hors-champ) s'adressant à Stallone. Reconnaissable entre mille, on sait alors que l'acteur va apparaître d'un moment à l'autre, dans un même plan, aux côtés de Stallone. Et on en trépigne d'avance. De son côté, Schwarzenegger apparaîtra et disparaîtra dans un halo de lumière, sa silhouette se dessinant progressivement au fur et à mesure de son entrée dans l'église, puis disparaissant de la même manière lorsqu'il en ressortira. Entrée et sortie en grande pompe, donc, de celui qui fut l'éternel rival de Stallone à l'écran. Et lorsque les trois comparses sont réunis, le dialogue est un plaisir de chaque instant, véritable discours à double sens faisant référence au parcours respectif des deux acteurs ("il a toujours aimé ça, se battre dans la jungle" expliquera Scwharzenegger à Willis à propos de Sly).
L'on regrettera en revanche que certaines scènes soient cadrées de manière beaucoup trop serrée: la poursuite en voiture ou le combat Jet Li/Dolph Lundgren sont ainsi trop chaotiques pour que l'on apprécie pleinement l'action qui s'y déroule. En revanche, l'assaut de Jason Statham volant au secours de Stallone lors de leur arrivée sur l'île, ou encore la fusillade dans les sous-sols de la forteresse sont totalement réussis. Par ailleurs, le souhait de Stallone de donner un semblant de fond à son histoire tombe à plat: le discours du personnage de Mickey Rourke sur le salut de son âme ne prend ainsi jamais, alors qu'il se veut l'élément déclencheur qui poussera le personnage de Stallone a retourner sur l'île sauver une jeune femme.
Hormis ces réserves, The expendables constitue un pur film d'action à l'ancienne, sans aucun temps mort, bourré de testostérone et de sueur, de poudre et de sang, de lames et de coups.
Probablement l'un des meilleurs actioners des années 80.