Prenez un marin. Mettez le à bord d’un navire de guerre, genre destroyer. Faites le passer par dessus bord, avec sept camarades. Débrouillez-vous pour qu’il soit le seul survivant. Placez-le ensuite sur un radeau de survie. Arrangez-vos pour qu’il n’y ait ni boisson, ni vivres, ni outils d’aucune sorte. Laissez dériver l’ensemble au milieu des requins. N’oubliez pas le brûlant soleil des Caraïbes. Patientez neuf jours. Le dixième faites-le aborder une plage. Votre héros est sauvé !
N’importe quel reporter rêverait de raconter une telle histoire.
Or, lorsque son directeur la propose au jeune journaliste, Gabriel García Márquez, non seulement, il se sent « humilié », mais en plus il prédit: « Ce sera un bide ».
Erreur. Les 14 articles qu’il écrira, feront doubler les vente de son journal, El Espectador. Plus tard, réunis sous forme de recueil, ils constitueront l’un de ses plus beaux livres: Récit d’un naufragé (1). C’est aussi l’occasion d’ouvrir une réflexion sur le travail du journaliste, et sur ses choix de narration.
via owni.fr
Un long article, remarquable, car il dissèque comment Garcia Marquez a construit son récit, comment il a utilisé dans sa série d'articles des procédés propres au roman… N'est ce pas une invitation à ce que le journalisme renoue parfois avec des constructions narratives longues, voire complexes… Le succès de la revue XXI permet de penser que contrairement à bien des reçues, le lecteur est dans l'attente de longs récits…