Le traitement réservé aux Roms par l’exécutif français n’en finit pas de ternir l’image de patrie des droits de l’Homme à l’étranger. Après le Times et ses allusions aux rafles de la Gestapo, la mise en garde de la Commission Européenne , Jack Greenberg ce juriste américain qui faisait partie des sept avocats qui persuadèrent en 1954 la Cour suprême des Etats-Unis du caractère anticonstitutionnel de la ségrégation raciale dénonce avec vigueur la politique de la France en matière d’expulsions de Roms.
Le Professeur Jack Greenberg n’est pas n’importe qui. Cet enseignant en droit est l’un des hommes qui joua un rôle clé dans l’affaire Brown contre Board of Education, considérée comme l’une des décisions juridiques les plus importantes du XXe siècle aux USA. Par cet arrêt, rendu le 17 mai 1954 la Cour suprême des États-Unis, déclarait la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques.
De l’eau est passée sous les ponts depuis. Jack Greenberg n’est plus avocat mais enseigne le droit à l’Université de Columbia. Il reste l’une des figures emblématiques de la défense des droits de l’homme et des droits civiques aux Etats-Unis.
Par un communiqué de presse de l’Université de Columbia diffusé le 19 août, l’enseignant déclare que “la discrimination à l’égard des Roms est aujourd’hui pire que celle imposée par les lois Jim Crow aux Afro-Américains aux États-Unis avant la révolution des droits civiques des années 60″.
L’appellation lois Jim Crow recouvre toute une série d’arrêtés et de règlements promulgués généralement dans les municipalités ou les états du sud entre 1876 et 1964 qui distinguaient les citoyens selon leur appartenance raciale et imposèrent une ségrégation dans tous les lieux et services publics.
Jack Greenberg, qui a écrit sur la situation difficile des Roms dans l’édition de mai du Columbia Law Review, y décrit les conditions de vie peu enviables qui attendent les déportés : “fortes inégalités scolaires, chômage atteignant les 100% par endroits, logements insalubres -souvent sans portes ni fenêtres ou eau courante- violences néo-nazies”.
Le défenseur des droits de l’homme relève que l’Union européenne et de nombreux gouvernements nationaux ont conscience du problème et que certains ont mis en place des programmes visant à améliorer les conditions des Roms mais que si quelques progrès ont été enregistrés, les très forts préjugés anti-Roms demeurent.
L’ancien avocat déplore l’absence d’effets de décisions de la Cour européenne et de certains tribunaux nationaux. Jack Greenberg observe que la réussite des politiques de lutte contre la discrimination exige des mécanismes efficaces et d’une volonté de les mettre en oeuvre. Considérant qu’il n’existe pas de réelle volonté politique européenne en la matière, Jack Greensberg estime que “les Roms ont besoin d’un mouvement des droits civiques”.
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