Année après année, éteindre des bougies dans un souffle assassin tamisant peu à peu votre flamme intérieure sous des volutes de fumée, de la crème chantilly et des rires désaccordés. Rien n'est plus déprimant que de fêter à date fixe le cheminement vers l'inéluctable. Alors on boit. On boit pour oublier que les bougies deviennent pas à pas plus nombreuses que les années qui viennent, les souffler n'y changera rien. On noie la boule au ventre sous un jet acide visant à abolir toute lucidité. On se pique la ruche pour faire taire les abeilles, les requins et les mouches. On se rince la dalle, en prévision. Bises, cadeaux et tapes dans le dos, ingrédients magiques cautérisant la plaie ouverte, perméable, poreuse. Le sablier pourtant ne reconnait pas ce jour comme étant chômé. Juste une pathétique tentative de rendre joyeux l'horizon funeste.