Le Canada, ce pays si respecté sur la scène mondiale pour son aide internationale, son respect des droits de l’homme, sa justice sociale et son respect des préceptes démocratiques glisse lentement, si la tendance se maintient, vers le fascisme sous l’égide des conservateurs.
Le gouvernement de Stephen Harper, fidèle à sa coutume depuis le début de sa gouvernance, ne se gène pas pour contourner les lois et profiter de toutes les occasions possibles pour faire avancer ses réformes de droite antidémocratiques.
Avec et depuis l’élection du Parti Conservateur en 2006, les citoyens canadiens ont vu progressivement leurs droits démocratiques reculés et la libre circulation de l’information brimée.
Tout d’abord, il y a la mainmise du bureau du premier ministre sur toute l’information émanant du gouvernement. En effet, toute communication vers l’externe doit passer par les mains de Stephen Harper lui-même. Sans compter que ce dernier tient en laisse l’ensemble de ses ministres qui ne peuvent pas ouvrir leurs bouches sans son accord explicite.
Et, fait inquiétant, seuls les journalistes autorisés peuvent poser des questions lors de déroulement de conférences de presse!
Mais ce n’est pas tout : le groupe Journalistes canadiens pour la liberté d’expression s’est déclaré inquiet de la tournure que prend le cabinet Harper dans l’accès à l’information. Selon un rapport du groupe, 43 % des requêtes d’accès à l’information n’ont pas été traitées à l’intérieur du délai prescrit de 30 jours. Par ailleurs, dans 23 % des cas, plus de 60 jours ont été nécessaires avant qu’une réponse soit donnée.
Autre dossier : les arrestations massives du dernier G20 à Toronto, avec la présence sur place de 5 000 agents de la GRC, font transpirer que le gouvernement fédéral actuel ne lésine pas avec la sécurité ainsi que sur son credo de « la loi et l’ordre ».
Et, cet été, le gouvernement conservateur essaie de faire passer incognito et insidieusement certains pans de son agenda en pleine période de vacances estivales dans laquelle les citoyens ne sont pas autant à l’affût de l’actualité politique. On tente ainsi de nous en faire passer des « p’tites vîtes ».
Prenons le cas du changement du formulaire obligatoire de Statistique Canada en un caractère volontaire. Ils ont annoncé ce changement en attestant qu’il s’agissait d’une demande expresse de l’organisme public. Ce qui s’est avéré éminemment faux tout en suscitant la colère du statisticien en chef de Statistique Canada qui remit immédiatement sa démission.
Dans le même temps, Maxime Bernier, l’inimitable député de Beauce, renchérit en stipulant que des milliers de plaintes ont été adressé à son bureau de circonscription. Monsieur Bernier proclame qu’il représente une « majorité silencieuse». Or, celle-ci doit être vraiment silencieuse ou Bernier mythomane, car seulement trois personnes se sont plaintes au près de Statistique Canada depuis 2001!
Quoi qu’il en soit, on réalise très bien que cette décision est idéologique. Quelques mois plus tôt, Statistique Canada, une institution reconnue mondialement pour sa neutralité et la justesse de ses sondages, a sorti une donnée démontrant la diminution de la criminalité au Canada, ce qui n’a évidemment pas plu aux conservateurs qui élèvent en dogme le « Law and order » et la sévérité des lois en matière criminelle.
Il est à noter que le passage à un formulaire volontaire réduit considérablement la précision des données de Statistique Canada et ainsi fait l’affaire des conservateurs. Dans l’avenir, ils pourront alors mettre en doute la précision des conclusions de Statistique Canada.
Autre affaire épineuse : la fin de la discrimination positive dans l’embauche de la fonction publique fédérale. Outre le fait que cette décision mettra fin à un rééquilibrage de la proportion de fonctionnaires fédéraux issus des minorités visibles – ces dernières représentent 12,4% de la population active mais n’occupent seulement que 9,8% du fonctionnariat fédéral- cela sonnera l’arrêt de mort d’une juste représentation culturelle et ethnique du pays dans la cohorte des employés de l’État.
Mais, plus précisément, cela traduit la volonté des conservateurs d’exclure le plus possible les minorités au sein de l’appareil gouvernemental. Ce qui demeure, évidemment, un sentiment exclusif et xénophobe contraire aux valeurs fondamentales de ce pays.
Citons aussi l’octroi de 9 milliards de dollars à l’achat de 65 F-35 en pleine période de restrictions budgétaires. La situation économique avec son lot de détresses personnelles ne demanderait-elle pas plutôt des investissements plus ciblés socialement? De plus, pourquoi ainsi exporter ces milliards en dehors de nos frontières pour engraisser la compagnie américaine Lockheed Martin au-lieu de les investir directement dans l’économie canadienne?
La militarisation est à l’ordre du jour chez les conservateurs tandis qu’ils annoncent de prochaines coupes sombres dans la structure gouvernementale à la suite des coûteux programmes de relance de l’économie. On voit dès lors où résident leurs priorités.
Un pays qui dérive vers l’exclusion des ethnies minoritaires, le contrôle de l’information, la répression et le militarisme ne vous rappelle-t-il pas un schème familier?
L’Histoire nous apprend que la déviation totalitaire ne s’est jamais opérée du jour au lendemain, mais, insidieusement, progressivement, pour finir par étendre son étreinte à toutes les sphères de la vie publique.
Il revient aux citoyens d’être vigilants car la démocratie ne doit jamais être tenue pour acquise. Elle est un combat perpétuel devant les forces cherchant à la corrompre.
Les conservateurs ne sont même pas majoritaires, et déjà, ils tentent de modeler le corps social selon leurs paradigmes idéologiques.
Imaginez si le Parti Conservateur était majoritaire…
Ajout: l’affaire du bateau de réfugiés tamouls confirme encore l’assertion que les conservateurs sont répulsifs aux minorités!
Publié sur Homo Politicus
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