“Au XIV° siècle avant notre ère, le gouverneur de Byblos (ville de Mésopotamie dans l’actuel Liban, datant de 5000 à 7000 avant J.C.) envoie une lettre à Pharaon, son maître: ” Sache, Monseigneur le Roi, que si tout va bien en la cité de Byblos, fidèle servante du Roi, la pression des “Brigands-Vagabonds” contre moi se fait de plus en plus forte”.
Ainsi raconte Edmond Bernus, dans sa conclusion “Les pasteurs nomades africains, du mythe éternel aux réalités présentes”.
De la Mésopotamie d’hier à la Palestine d’aujourd’hui, des déserts sub-sahéliens aux confins est de l’Europe, nomades et sédentaires se sont presque toujours regardés en chien de faïence. Les faits sont entérinés depuis la nuit des temps. Ici, les pasteurs et leurs troupeaux violent les terres des agriculteurs, ailleurs, les misères ou la guerre mettent sur les routes des populations dont la rapine devient moyen de survie. Rien de plus dérangeant que l’éphémère pour ceux dont les racines légitiment le droit à une présence permanente.
L‘histoire des Roms modernes ne fut pas toujours celle de la vindicte des enracinés. On nous dit qu’autrefois, dans un lointain Moyen-Age, les princes s’accommodaient fort bien de leur passage sur leurs terres. D’abord, venus d’ailleurs, ils contaient des légendes, ensuite, ayant apprivoisé leurs lendemains incertains, chassés qu’ils étaient des lieux de leur naissance, l’Inde, où se partage leur langue commune, ils prédisaient l’avenir,
jouaient d’instruments inconnus et inventaient la danse. Mais surtout, les hommes fournissaient de valeureux guerriers toujours prêts à se louer dans l’armée qui les enrôlait.
Les temps changent. Le discrédit s’installe. L’étranger fait peur, qui plus est, vagabond. La misère roumaine étalée dans nos villes devient insoutenable. Femmes accroupies à nos portes, un enfant pâle sur les genoux. Tous les gens du voyage ne se ressemblent pas. L’amalgame crée la révolte chez les gens du voyage eux-mêmes…
Il faudrait tant et tant de respect au lieu de discours hérissant les communautés les unes contre les autres, d’approches culturelles fines, de consensus interfrontières, de volonté d’accueil, de reconnaissance de part et d’autre, de décisions intergouvernementales, bref, il faudrait l’impossible, l’utopie de nos naïvetés jointes, pour que les mythes enfin se dévoilent et que les malédictions soient levées.
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