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Bouquins

Publié le 18 août 2010 par Toulouseweb
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De bonnes lectures pour bien terminer l’été

Avec persévérance, les éditeurs publient de nouveaux ouvrages dont certains méritent plus particuličrement l’attention. En voici quelques-uns.

** ŤBatailles dans le ciel de France, mai-juin 1940ť par Patrick Facon, chez Pascal Galodé Editeurs. Le nom de l’auteur est une référence, le sujet est difficile, voire délicat, et a déjŕ fait l’objet d’innombrables prises de position qui ont divisé les spécialistes. D’oů l’intéręt du travail de Patrick Facon, en forme de mise au point qui n’avoue pas son nom. A savoir qu’il ne s’agit en aucun cas de minimiser la part prise par l’armée de l’Air dans la défaite dramatique du printemps 1940 mais, Ťsans non plus ériger l’aviation en martyre, force est de reconnaître qu’elle figure en bonne place parmi les boucs émissaires de la catastrophe des mois de mai et juin 1940ť.

Dans le cadre d’une synthčse brillante, enrichie de chiffres précis, voici qu’il est dit par une plume autorisée que les aviateurs français se sont battus avec un courage désespéré. De plus, les uns et les autres ont tendance ŕ oublier qu’au moment de Ťl’étrange défaiteť, l’armée de l’Air n’existait que depuis 7 ans. Et elle avait subi des errements politiques répétés, des hésitations coupables en matičre de commandes de matériels, des incohérences de toutes sortes.

L’industrie, nationalisée en 1936, s’est avérée incapable de fournir les appareils demandés, un plan de 5.000 ŕ 6.000 avions était irréalisable dans les délais impartis. D’oů la demande adressée aux Etats-Unis et l’envoi d’une mission ŕ Washington pour passer commande de Curtiss Hawk 75. On est intrigué par cette affirmation de Facon selon laquelle l’armée de l’Air Ťest ŕ l’origine de la relance de l’industrie aéronautique américaine jusque lŕ en sommeilť. Voilŕ qui mériterait de plus amples développements. Quoi qu’il en soit, il est rare de disposer d’une matičre aussi dense en moins de 250 pages.

** Dans un tout autre genre, toujours militaire mais plus léger, on retiendra la publication chez Privat de ŤMécanos du cielť, petit ouvrage sympathique dirigé par le lieutenant-colonel Jean-Marc Régnier, tout ŕ la gloire du côté cour de la base de Toulouse-Francazal. Laquelle vient d’ętre sacrifiée sur l’autel des contraintes budgétaires et de la vaste opération de rationalisation qui en résulte.

Francazal, de toute évidence, ne laisse que des regrets en Haute-Garonne. Ici, il s’agit d’évoquer la maintenance, c’est-ŕ-dire les hommes de l’ombre sans lesquels rien ne serait possible. Les textes sont sobres, l’iconographie trčs riche, servie par une impression de qualité. Pour faire simple, c’est un bon bouquin.

** Côté civil, une mention particuličre revient ŕ un gros ouvrage littéralement inclassable, plus d’un millier de pages grand format en deux tomes, ŤHistoire du réseau aérien mondial 1914-1911ť, œuvre colossale d’un passionné éclairé, Marc Flavigny (1). A notre connaissance, rien de tel n’avait été tenté jusqu’ŕ présent, ŕ savoir une étude minutieuse de la toile d’araignée planétaire patiemment tissée par les compagnies aériennes au fil des décennies.

Le résultat est étonnant et, surtout, passionnant. Se pencher sur le réseau, les réseaux, revient aussi ŕ retracer l‘histoire des compagnies. Elles furent nombreuses ŕ bâtir le transport aérien, un parcours semé d’obstacles, marqué par des réussites brillantes mais aussi des échecs douloureux. Rares sont les compagnies pionničres qui ont survécu et sont encore présentes aujourd’hui. Les connaisseurs vont retrouver avec d’autant plus d’intéręt, voire d’émotion, les faits d’armes des unes et des autres, des plus proches au plus lointaines.

Le propos, prévient l’auteur, est historique et géographique, et non pas économique. C’est un choix judicieux, d’autant qu’il met ŕ la disposition des historiens un document de référence littéralement hors du commun. D’autant qu’il est enrichi d’un impressionnant index des noms cités.

On admire le savoir-faire et la patience de Marc Flavigny, en espérant que ses efforts soient reconnus ŕ leur juste valeur.

** Toujours au chapitre historique, sur un ton plus léger et avec des ambitions plus modestes, il convient de signaler un nouvel ouvrage de Robert Galan, publié par Privat, ŤLa Grande histoire de l’aviation en 501 petites histoiresť, recueil de textes courts, faits historiques et anecdotes. C’est facile, plaisant.

** Jean-Pierre Otelli, prolifique, revient aux ŤPassagers incontrôlablesť (chez Altipresse), un sujet toujours d’actualité qui montre une facette sombre du transport aérien. S’il avait écrit ce livre quelque mois plus tard, sans doute aurait-il aussi fait allusion …aux stewards incontrôlables qui, un jour, finissent par disjoncter. Bien sűr, le sujet n’est pas particuličrement plaisant mais il nous rappelle qu’il serait vain de se cacher la face. La démocratisation du transport aérien a aussi des conséquences désagréables. C’est la vraie vie.

Pierre Sparaco-AeroMorning

(1) [email protected], 01 30 39 21 22


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