Le 23 septembre 2010, les premières projections du film « Water Makes Money » auront lieu simultanément dans plus de 100 cinémas en Europe et aux États-Unis. A Louviers, ce même jour une projection-débat se tiendra au cinéma Grand Forum à 20 heures. Cette projection est organisée à l’initiative de l’association pour l’amélioration du cadre de vie et de l’environnement.
Après la conférence donnée par Jean-Luc Touly (photo) et pour contester les contre-vérités assénées par l’exécutif de la CASE, le débat sur la privatisation des services de production, de distribution, de traitement de l'eau, devrait intéresser un public nombreux. Nous comptons donc sur votre présence et sur votre participation.
Tout comme l’air que nous respirons, l’eau est un élément nécessaire à la survie de l’Homme, des animaux et des plantes. Ainsi, le 27 juillet 2010, l’accès à l’eau potable a été intégré à la Déclaration des Droits de l’Homme par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Malgré tout, l’eau est constamment en proie aux intérêts économiques des entreprises multinationales soucieuses d’accroître leurs profits. Ce problème touche aussi bien les pays en voie de développement que les riches pays industrialisés…
Le principe est simple : à chaque fois qu’une commune cherche à remanier sa gestion de l’eau, Veolia ou Suez, les deux plus importants groupes mondiaux de l’eau, pointent leur museau. Ensemble, ils constituent un cartel opaque qui, par exemple en France, approvisionne environ 80% de la population. Résultat : une hausse vertigineuse des prix à la consommation, une baisse de la qualité de l’eau, un manque de transparence souvent lié à un climat de corruption. Même s’il ne s’agit plus de privatisation à proprement parler, mais de partenariat public-privé, le résultat est le même : les multinationales se jouent des services publics.
« Water Makes Money » explique ainsi le fonctionnement des entreprises multinationales qui s’accaparent la distribution de ce besoin vital, créant ainsi une alchimie déroutante : elles transforment l’eau en argent. L’analyse de cette problématique par des experts est agrémentée par plusieurs exemples de villes ou communes, allemandes et françaises, en proie à la domination de ces entreprises peu soucieuses d’offrir un service de qualité (quartiers pauvres coupés de l’eau potable, robinets secs…). Mais, à l’instar de Paris, des collectivités se soulèvent et montrent que le contrôle citoyen de l’eau est nécessaire et possible.
Les groupes français Veolia et Suez sont les leaders incontestés du marché mondial de l’eau privatisée. Ils sont présents sur tous les continents. Pas une semaine ne s’écoule sans qu’ils fassent de nouvelles acquisitions. Mais ces derniers temps, en France, le vent tourne. Début 2010, les deux groupes ont dû rendre, non sans grincer des dents, la distribution de l’eau aux municipalités de Paris et Rouen. Et bientôt suivront certainement Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Brest et toutes les collectivités aspirant à ce que l’eau redevienne un bien public.
Mais pourquoi ce revirement de situation en France où ces compagnies sont actives depuis tant de décennies et où elles fournissent toujours près de 80% de la population ? A l’exemple de Paris, Bordeaux et Toulouse, « Water Makes Money » montre comment s’est réalisée cette mainmise sur la distribution de l’eau et pourquoi les collectivités ont si longtemps fait confiance aux groupes privés. Cette confiance s’est souvent révélée découler de l’aveuglement d’élus aveugles ou…. A présent, la vérité sur la mauvaise gestion de l’eau par les multinationales remonte à la surface…
Ensemble, ces compagnies privées génèrent des profits qui atteignent des centaines de millions d’euros dans la plupart des villes. Profits qui se reflètent bien évidemment dans l’augmentation du prix de l’eau… Chez les distributeurs privés, les prix sont 20 à 60 % supérieurs à ceux du service public. Schéma similaire pour le problème du gaspillage : 17 à 44% de l’eau se perd dans les fuites du réseau privé alors que ce ne sont que 3 à 12% au sein du service public.
« Water Makes Money » met ainsi à nu un système qui permet aux multinationales de financer leur expansion globale. Système inique qui motive tant de Français à désormais promouvoir le retour au service public. Pourtant, ce sentiment d’être essorés, exploités, au profit d’ambitions globales capitalistes est secondaire pour beaucoup de Français. Ce qui est d’autant plus choquant quand on sait que la gestion de l’eau est dans un état critique en France. Les chiffres officiels montrent que 97% des eaux de surface contiennent des pesticides cancérigènes.
Alors que chacun subit personnellement les conséquences des privatisations, il n’est plus permis d’appeler les choses par leur nom. Les cabinets de conseil frappent à la porte des communes endettées et promettent de nouveaux modèles d’entreprises : « Partenariat public-privé », « Crossborder leasing », « Franchising », etc… « Mais non, il ne s’agit pas de privatiser », affirment-ils, « il s’agit uniquement de gérer votre eau pendant 30, 60 ou 90 ans. Les installations restent la propriété de la municipalité. Les 2000 pages du contrat, inutile de les lire, vous ne les comprendriez pas ... »
En France, des opposants à la privatisation sont parvenus à se procurer des contrats et les ont étudiés mot à mot. Ils ont découvert pourquoi groupes et communes ne souhaitaient pas les montrer au grand jour : les entreprises ont « payé » le droit de gérer les installations communales avec des crédits mis à leur disposition par ces mêmes municipalités. De plus, les communes sont responsables de toute baisse ou perte de rendement. Autrement dit, les bénéfices sont privatisés et les pertes sont collectivisées, c’est à dire payées par les contribuables. Cela n’a plus rien à voir avec les mesures de prévoyance portées par plusieurs générations en faveur des nappes phréatiques locales, ni avec l’entretien permanent et le remplacement des conduites.
Bien au contraire, les entreprises multinationales n’ont à rendre de comptes qu’à leurs actionnaires. La question de l’intérêt général est bien loin de leurs préoccupations. Water Makes Money montre ce que Paris et d’autres communes de France ont appris de la domination de ces multinationales, véritables « machines à générer du fric »… La déprivatisation de l’eau est une urgence.
Les réalisateurs du film : Leslie Franke. Après des études universitaires de russe et d’histoire à Hambourg, elle est boursière de l’Institut National de la Cinématographie de Moscou. Aujourd’hui, elle exerce la profession de cinéaste à Hambourg.
Herdolor Lorenz: Après des études universitaires de sciences politiques, d’histoire, de littérature allemande et de philosophie, il exerce depuis 1985 la profession de cinéaste et de producteur à Hambourg.