Avec The Expendables, Stallone voulait rendre hommage aux films d’action dans la plus pure tradition des années 80 et 90. Résultat : une jouissance coupable pour la scénographie, une frustration palpable pour le casting.
Aller voir The Expendables au cinéma, c’est comme écouter Zemmour à la télé : il faut se mettre en conditions. Il faudra donc se décérébrer au préalable pour savoir apprécier le rythme auquel les conneries et les incohérences s’empilent les unes sur les autres.
Voici le mode d’emploi. Donnez-vous rendez-vous quelques heures avant le début de la séance pour aligner quelques pintes entre paires de couilles. Houblon + testostérone = paré pour l’expérience.
Testé et approuvé, mais pas toujours suffisant. Certains s’endorment alors que les balles sifflent et les explosions se succèdent, d’autres se marrent sans raison à chaque phrase échangée entre les personnages. Car on ne peut pas véritablement parler de dialogues dans The Expendables, mais plutôt d’une collection de phrases sans queue ni tête à fort potentiel culte mais à l’intérêt cinématographique nul.
Reste l’action. Montage stroboscopique, explosions dantesques provoquées par une poignée de balles tirées de la main droite pendant que l’autre brise la nuque d’un ennemi, course poursuite d’enfer à bord d’un hot rod (sans doute une des meilleures séquences)… Le film est une claque monumentale assénée aux spectateurs par une belle brochette d’acteurs. Certains sont les gros bras du moment (Jason Statham, Terry Crews, Steve Austin), d’autres ont fait leur come-back (Mickey Rourke, Stallone himself) voire reviennent carrément d’outre-tombe (Dolph Lundgren).
Mais cet alignement de noms, séduisant sur le papier, déçoit une fois à l’écran. Si Jason Statham se taille la part du lion, d’autres sont parfaitement sous-utilisés, à l’image de Jet Li. A la jouissance attendue devant le casting succède la frustration de ne pas avoir le temps d’admirer chacun de ces monstres sacrés s’étriper entre gentilshommes en l’espace étriqué d’une heure trente.
Ce qui faisait l’atout majeur du film se révèle alors être sa principale faille. Stallone aurait eu tout intérêt à rameuter moins de copains pour leur donner plus d’espace et nous permettre d’apprécier un peu plus leurs personnages respectifs. On ne parle pas ici de faire dans la psychologie – le passage où Mickey Rourke se met à pleurer en parlant du bon vieux temps où ils dézinguaient les « méchants » serbes nous suffit amplement – mais de s’attarder un peu plus sur chaque mercenaire, là où « Sly » ne fait qu’effleurer leur personnalité et leur spécialité.
Que The Expendables ne soit pas du genre à rivaliser avec le dernier bouquin de Michel Onfray, on s’en doutait. Que l’humour y soit gras et le scénario inexistant (si on ne vous l’a pas résumé, c’est bien parce qu’il n’y en a pas), c’était aussi dans le contrat. On était pourtant en droit d’attendre quelque chose de plus soigné de la part de Stallone, éternel revenant que le consensus actuel (Technikart, Première etc.) consacre comme un Dieu vivant.
En salles le 18 août 2010
Photos : © Metropolitan FilmExport