Nicolas Anelka a pris 18 matchs de suspension et tire un trait sur l’équipe de France. Son orgueil ne peut pas lui permettre de faire appel. Et pourtant en le mettant à la retraite, la FFF prive l’équipe national d’un joueur…motivé. Etonnant mais vrai. Retour sur celui qui a tiré la sonette d’alarme dès le mois d’avril.
Mars 2010. Stade de France. La France vient de se faire corriger par l’Espagne. S’il n’y a que 2-0 au tableau d’affichage d’un SDF médusé, la maîtrise rouge a été incroyable. Henry sort sous les sifflets, Anelka et Ribéry décident manifestement de ne pas écouter les consignes et ne daignent même pas bouger pour demander le ballon. Les prémices d’un fol été.
Suite à ce match, Domenech sort sa plus belle langue de bois malgré le masque. Personne ne lui répond sauf un homme. Nicolas Anelka. Le natif de Trappes sort de son habituel mutisme et ose dire les choses. En leader. En titulaire qu’il est à Chelsea au sein d’un collectif où il est apprécié de tous à commencer par son entraîneur. Anelka lâche avec ses mots les maux des Bleus. Son constat est lourd, difficile à suivre dans la traditionnelle langue de bois des footballeurs. Et pourtant, ce jour-là, il dit avec deux mois d’avance ce que sera le mondial français.
L’apôtre du respect
Devant l’absence de dialogue à Domenech, entraîneur qui a pourtant toujours pu compter sur son soutien, Anelka s’enferme. Il ne parle plus qu’avec ses potes et n’est plus celui que décrivait Vieira et Wiltord « un mec cool qui est toujours sympa avec tout le monde ». Anelka a gardé en tête la hiérarchie de ses débuts en Bleus. A son arrivée, pas moyen de l’ouvrir, de sortir du cadre, de bénéficier de passe droit. Oui, en 98 pour jouer il fallait être énorme. En 2010, il ne suffisait de rien pour jouer. Un manque de respect pour le maillot tricolore.
Anelka n’a jamais su s’adapter à ce changement. Lui, il jouait à Chelsea, lui il a levé une ligue des champions, lui il avait un passé. Qui sont les Gignac, Gourcuff ou Valbuena ? Personne. Raymond Domenech n’a pas voulu changer son système pour lui, il ne l’a pas compris. Il a craqué.
18 matchs de suspension, 3 ans ou presque. A 31 ans c’est une radiation à vie. Anelka a comme toujours moqué sa sanction. Mais comme toujours, la blessure sera là. Le joueur de Chelsea fera encore une belle saison, gagnera encore des trophées et aura toujours cette boule en regardant ses copains bleus en sélection. La boule de l’amour du maillot.
Lech Makaay