Magazine Culture

Le fleuve Congo au Quai Branly

Par Gangoueus @lareus
Le fleuve Congo au Quai BranlyFaut pas m’énerver !
Disons que lorsque chaque matin en allant au boulot, vous avez au-dessus de votre tête une très belle affiche vous annonçant une exposition autour du fleuve Congo, quand en creusant un peu plus, vous réalisez qu’il s’agit d’une mise en valeur d’objets d’art des peuples du bassin de ce très grand fleuve qui sépare principalement les deux pays du même nom, à savoir la République du Congo et la République démocratique du Congo, les attentes peuvent être importantes pour quiconque à des attaches avec ces deux pays.
En prenant en compte les grands affluents de ce fleuve comme l’Oubangui qui traverse toute la Centrafrique ou la Sangha qui elle prend source au Cameroun, on peut s’attendre à avoir quelques représentations de ces deux pays tout au plus.
Aussi grande fut ma surprise quand en parcourant cette exposition, j’ai constaté la pléthore de masques et de statuettes (puisqu’il s’agit principalement de cela) venant du Gabon. Entendons-nous bien, je n’ai aucun problème avec les gabonais, mais je n’apprécie que très moyennement qu’on me raconte des histoires sur la marchandise. L’art gabonais est très riche, j’ai eu l’occasion de m’en rendre en découvrant le travail des fangs, des tshogo, des kota, des punu, etc. Le rôle de ces masques dans ces communautes est assez bien expliqué pour qui a pris le soin de se fournir en audio guide (ce qui fait doubler le tarif de la visite) , mais le savoir n’a pas de prix.
Mais pour qui observe la carte du bassin fluvial du Congo, il est difficile de comprendre la place importante accordée à toutes ces œuvres relevant plutôt du bassin de l’Ogooué qui n’est pas un affluent du fleuve Congo.
Un certain nombre de pièces souvent recueillis sous l’ère coloniale venait de la RDC. Des objets banziri (gbandi), gbaka, kuba ou luba ont été exposés légitimant partiellement le titre de l’exposition. Mais, j’ai été surpris par la faible sinon quasi inexistante représentation des pièces du Congo Brazzaville, à savoir 5 ou 6 masques téké et l’équivalent en masques et objets d’art kongo qui sont là des peuples riverains de ce grand cours d’eau qui a inspire les plus grands ecrivains congolais en passant de Dongala à Lopes, en  n'oubliant pas Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si et bien d’autres...
Que dire de la non présence de pièces centrafricaines ou de la très faible présence d’objets du Cameroun ?
La seconde déception est liée à la difficulté à définir un lien entre tous ces peuples et l’influence du fleuve Congo dans la construction de l’imaginaire de ses populations riveraines et dans leur mode de représentations de leurs croyances. Quelle est la philosophie de vie des « bana maye »  (enfants du fleuve en lingala) comme on désigne souvent ces populations à Brazzaville et je suppose à Kinshasa ?
Bref, beaucoup de questions laissées en suspens que le titre de l’exposition a engendrées dans mon esprit. La faute à un intitulé inapproprié. Il faudrait plutôt parler d’une présentation de masques et statuettes d’Afrique centrale. Ce serait plus juste...
Bon, ça va, je suis apaisé après ce lâcher de mots.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gangoueus 8178 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines