L’Âme connaît des moments de Garrot —
Où figée par l’effroi —
Elle sent qu’une Horreur sans nom approche
Et s’arrête pour la fixer —
La saluer, de ses longs doigts —
Caresser ses cheveux froids —
Boire, Gnome, aux lèvres mêmes
Sur quoi — planait — l’Amant -—
Une infâmie, que si vile pensée
Aborde un si — beau — Thème —
L’Âme connaît des moments d’évasion —-
Où enfonçant toutes les portes —
Elle danse, dans les airs, comme une Bombe
Et se balance sur les Heures,
Comme, longtemps Cloîtrée loin de sa Rose -
L’Abeille — en son vol de délire -
Touche à la Liberté — oubliant tout —
Sauf Midi, et le Paradis -
Mais les moments de reprise —
Où, Criminelle qu’on emmène,
Avec des fers à ses pieds emplumés
Et des rivets, dans son chant,
L’Horreur l’étreint à nouveau, ces moments
Quelle Langue peut les hurler —
***
The Soul has Bandaged moments —
When too appalled to stir —
She feels some ghastly Fright come up
And stop to look at her —
Salute her, with long fîngers —
Caress her freezing hair —
Sip, Goblin, from the very lips
The Lover — hovered — 0′er —
Unworthy, that a thought so mean
Accost a Theme — so — fair —
The Soul has moments of escape —
When bursting all the doors —
She dances likes a Bomb, abroad,
And swings upon the Hours,
As do the Bee — delirious borne —-
Long Dungeoned from his Rose —
Touch Liberty — then know no more —
But Noon, and Paradise —
The Soul’s retaken moments —
When, Felon led along,
With shackles on the plumed feet,
And staples, in the song,
The Horror welcomes her, again,
These, are not brayed of Tongue -
(Emily Dickinson)