Ville martyre à plus de 750 Km de leurs frontières respectives, peuplée de plus de 800.000 habitants ;
- Des armes à feu crépitent, plus de 8.000 obus écrasent la ville occupée, des maisons et infrastructures détruites, la désolation. C’était la désolation cette journée de samedi.
- Des centaines des Congolais massacrés, d’autres violés, blessés dans l’indifférence totale de la Communauté Internationale
- 2 Août 1998 - 2 Août 2010 12 ans, jour pour jour, après l’agression par ces deux armées de la R.D. Congo, le devoir de mémoire s’impose.
- Plus jamais cela en République Démocratique du Congo ;
Le devoir de mémoire
Le devoir de mémoire nous fait revenir à un certain samedi 14 août 1999. Deux forces armées étrangères de deux pays africaines, les troupes régulières de l’armée rwandaise et celles de l’armée ougandaise, commandées par des officiers supérieurs et subalternes réguliers, s’affrontent sur le territoire d’un autre pays africain. Elles s’y font la guerre. Il n’y a aucun doute là-dessus. Les médias, à travers le monde l’annoncent. Le Rwanda et l’Ouganda se livrent bataille à Kisangani, chef-lieu d’une des provinces de l’Est de la République Démocratique du Congo, ce 14 août 1999 et les jours qui suivent.
Deux pays africains qui se sont organisés, une année auparavant, pour envahir et occuper militairement des vastes territoires de la République Démocratique du Congo. Notre chère patrie. C’était le 02 août 1998. À l’époque, sans un tout petit toussotement de la Communauté Internationale. Le monde s’était voilé la face devant cette agression. Ainsi, en ce deuxième millénaire finissant, le Rwanda et l’Ouganda ont le culot de se quereller et d’en découdre militairement à plus de 750 km de leurs frontières respectives. Ils ne peuvent plus se retenir. C’est donc plus fort que face aux minerais de sang, ces deux nations intermédiaires de grandes multinationales : le partage des marchés de coltan, d’or, de cassitérite, de wolfiang, de diamant... à la portée des fusils, dans un pays occupé. Ils n’ont pas pu résister à l’épreuve des forces, plus forte que leur complicité dans le pillage de l’Est de la RD Congo. Indubitablement les minerais de sang sont irrésistibles. Ils confondent tout ce beau monde. Ainsi les complices d’hier s’entredéchirent à Kisangani. Ils s’entrent dedans farouchement, pour qui dominera sur ces minerais de sang à l’Est de la République Démocratique du Congo. Mais hélas ! C’est une guerre sur une terre étrangère. Et la guerre a un prix. Ils tuent en passant des centaines des personnes vivant à Kisangani, nos frères et compatriotes congolais. Ils détruisent, en passant toujours, une ville de plus de 800.000 habitants. La troisième métropole de la République Démocratique du Congo est sous leurs bottes.
Plus de 6.000 obus écrasent la ville de Kisangani, les jours qui suivent. Des balles crépitent, jours et nuits. Des morts se comptent par centaines, des blessés sont ramassés de partout. Outre que la vie s’arrête du fait de la guerre, pas de circulation, pas de commerce, la faim, la peur au ventre. Les violations massives des droits des populations : assassinats, viols, vols, pillages, dans l’impunité la plus totale. Kisangani est en pleurs. Et puis, comme si rien n’était, les deux pays qui ont agressé et occupé leur voisin qui se battent farouchement en plein centre de Kisangani, ville d’un pays souverain, révisent leurs calculs. Ils estiment qu’ils Sont allés très loin. Ils risquent de tout perdre en oubliant l’essentiel : leur part de butin dans les pillages des minerais congolais. Ils décident de négocier un cessez-le-feu et après avoir comptabilisé pertes et profits, ils décident tout bonnement de se réconcilier. Et ils se réconcilient effectivement, applaudis par la Communauté internationale. Sous les projecteurs des cameras et médias internationaux. Aucune admonestation, aucune condamnation. Le pillage peut continuer à l’Est de la RDC. Aucun mot de regret ou de compassion concernant les victimes innocentes et les dégâts collatéraux de cette guerre injuste, orchestrée par deux armées régulières, à l’encontre d’un pays pourtant souverain, d’une paisible population qui ne demandait qu’à vivre chez elle. En paix.
Les mort, l destruction jetées dans la poubelle de l’histoire. Les victimes nos compatriotes, les souffrances, la peur au ventre, la misère, la destruction de leurs maisons, des infrastructures de cette ville martyre, les espoirs anéantis, la vie arrêtée pour des années,., ...Tout cela est jeté dans la poubelle de l’histoire. Personne n’en parle. Personne ne le déplore. La vie se poursuit sans troubler les consciences. Cela n’intéresse donc personne ? Le silence assourdissant de la Communauté Internationale face à ce crime innommable s’installe. Non seulement deux pays étrangers envahissent, occupent un pays tiers et pillent, mais encore, ils s’y font la guerre, détruisent et puis séy réconcilient sous la bénédiction d’une Communauté Internationale qui ferme les yeux, se bouche les oreilles et se pince les narines. Circulez, il n’y a rien à voir sur la terre congolaise. Personne ne veut voir le scandale. Notre pays ne compte pas aux yeux de la Communauté Internationale en ce mois d’août 1999. Et c’est bien compris, tant que les intérêts des pays qui comptent sur cette planète terre des hommes ne sont pas énervés, les problèmes, graves ou non, sont régulièrement classés dans les. oubliettes de l’histoire. Et tant pis pour les populations autochtones locales. Aussi c’est donc normal qu’une fois les négociations terminées, la réconciliation conclue, que les deux armées belligérantes en conflit soient revenues à leurs vieilles amours. Faire ensemble la guerre à cette République Démocratique du Congo. Continuer l’occupation, les pillages systématiques de ses ressources essentiellement minières, agricoles et forestières.
Ainsi, d’août 1998, avec la petite intervalle d’août 1999, à 2003, notre pays sera, sans discontinuité, sous la coupe en règle de ces deux pays, interfaces et passages obligés des capitaines des industries internationales pour consommer paisiblement les minerais de l’Est de la R.D.C. Et c’est l’Accord de Sun-City qui mettra formellement fin à l’occupation de nos deux voisins : l’Ouganda et le Rwanda. Mais le pillage continuera, sous la bénédiction de tous ceux qui en tirent profit. Et, c’est seulement en ce début du mois de juillet 2010 que les Etats-Unis d’Amérique vont se réveiller et prendre un acte législatif pour fustiger ce que toute la terre connaît : les minerais de sang. Le sang de notre peuple coulé à flot.
Devoir de mémoire éveil de conscience
Devoir de mémoire oblige, personne ne doit l’ignorer en République Démocratique du Congo. Personne ne doit de même, ignorer que les pillages systématiques de notre pays continueront tant que nous marquerons des signes évidents de faiblesse, de fragilité et de division. C’est ainsi qu’en ce onzième anniversaire, du devoir de mémoire, la ville martyre de Kisangani ne sera pas ignorée. Debout Congolais. Le Congo, notre cher pays, ne peut plus y échapper. Un grand peuple se souvient. Un grand peuple refuse et abhorre la cécité historique. Un grand peuple ne peut pas vivre sans mémoire au risque de retomber dans les mêmes erreurs du passé. Et la République Démocratique du Congo est appelée à un grand destin.
Le devoir de mémoire s’impose donc. Nous devons absolument, nous peuple congolais, nous rappeler les morts de Kisangani dans une guerre qui n’était pas leur guerre. La refondation d’une République digne, la R.D.C., ayant une vision de puissance, de grandeur et de splendeur, passe par l’appropriation de notre histoire. Tous ces faits, de haut et de bas, c’est un impératif historique. Le devoir de mémoire devra renforcer notre volonté de vivre ensemble, de défendre, par tous les moyens, notre chère patrie et de garder intactes nos frontières issues de la colonisation. C’est un devoir patriotique de tout Congolais. La solidarité nationale se consolidera. Le problème d’un Congolais, quelque soit l’endroit où il se trouve, à travers la RD Congo ou le monde, deviendra le problème de tous les Congolais. Quoiqu’il en soit, tout notre peuple est appelé à se rappeler de cette énième martyre de la population innocente de Kisangani et se dire « plus jamais cela ».
KIMPUTU MUTUKU