Prenez du recul et l'objet que vous regardiez sans le voir reprendra son mystère. Si l'objet en question est une personne, le mystère débutera à l'instant où, vous étant éloigné, vous regarderez à nouveau. Et si vous avez aimé cette personne, que peut-être vous l'aimez toujours, alors vous ne pourrez vous souvenir de rien que le mystère ; il remontera jusqu'aux origines du monde.
J'ai dormi douze heures sans fatigue, d'un sommeil de nourrisson fiévreux. Les trois répétitions de l'alarme, à 0800, n'ont rien pu faire pour me tirer de là. A midi, incrédule, je suis sorti de mes sales draps. Les mois d'août sont maudits depuis trois ans. Douze divisé par trois, quatre, comme les quatre occurrences de ces août de l'histoire. Quatre bières font deux litres et c'est ce qu'il me faudrait là. A l'instant je m'entaille sauvagement la lèvre supérieure de mon rasoir plastique, une lame, et le sang rugit. Je suis fort et j'ai envie de pleurer.
La possession l'un de l'autre reflue à mesure que s'écoule ce rouge absolu. La dissolution sous l'eau de la douche achève la douleur. Dissocié d'un instant à l'autre j'oscille sur le spectre de l'indifférence. J'ai rêvé d'L. L'angoisse des reprises, garces multicolores de mes fantasmes au cordeau.
La cendre coagule à même l'âme, de cette vieillesse que je m'impose, prématurant la chute de toutes feuilles en bel automne pluvieux et morne, avec ces ormes et cette aventure incomplète, complète. Peut-être au printemps, peut-être n'y serai-je plus.
Aller muscler ce corps afin que la lourdeur, cette sensation, s'amoindrissent et s'amenuisent enfin en sable de sabliers.