Evacuations, expulsions, confusions. Bien malgré eux les Roms sont devenus les principaux protagonistes de la série sécuritaire de l’été. Beaucoup d’agitation pour rien si ce n’est déplacer le problème d’une commune à l’autre ou payer des retours en Roumanie en avion à des citoyens européens qui faute d’intégration reviendront en France quelques semaines ou mois plus tard. Beaucoup d’agitation pour peu de résultats sauf, et c’est un exploit, à faire monter la moutarde au nez de nos flegmatiques voisins d’outre-manche. “En expulsant les Roms en masse, Nicolas Sarkozy rappelle les souvenirs de la Gestapo“, titrait le 17 août dernier le so british Times.
Éric Besson, ministre de l’Immigration en concurrence sur le dossier Roms avec son collègue de l’Intérieur a précisé hier sur RTL que la France ne mettrait pas en place des “vols spéciaux” mais “des vols commerciaux” pour reconduire les Roms dans leur pays d’origine, Roumanie ou Bulgarie. Ubuesque puisque comme le précise le ministre lui-même, les personnes expulsées “pourront revenir en France, puisque c’est la loi, mais elles ne pourront pas y stationner en situation irrégulière et a fortiori recevoir une aide au retour volontaire” de 300 euros, plus 100 euros par enfant.
A Brice Hortefeux les fermetures de camps illégaux et les rafles de voleurs de poules, à Eric Besson l’organisation des retours donc. Pas facile comme métier. Heureusement big brother devrait faciliter les choses. Eric Besson compte sur la prochaine mise en place de la biométrie dans la base de données Oscar créée en 2009 pour “éviter cette noria, ces aller-retours” et empêcher que “ceux qui ont déjà perçu l’aide ne puissent pas la recevoir une seconde fois“.
Une simple gestion des flux pour le transfuge socialiste qui a rejeté avec force au micro de RTL les comparaisons historiques dérangeantes. “J’aimerais beaucoup que le vocabulaire spécifique de la Seconde Guerre mondiale, avec ce qui a été son atrocité - l’extermination industrielle, systématique des Juifs et des tsiganes - ne soit pas utilisé“, a-t-il réclamé. ”Les personnes sont interpellées, leur identité est vérifiée, on leur propose de l’argent pour retourner dans leur pays d’origine: j’aimerais bien qu’on m’explique quel est le lien avec les rafles de la Seconde Guerre mondiale“.
“La France ne s’en prend pas aux Roms, contrairement aux bêtises, aux anachronismes (et aux) absurdités“, entendus depuis que Nicolas Sarkozy a demandé le démantèlement de tous les campements illégaux en France, a assuré le ministre. “Parler de ‘rafles’ pour les Roms, à quelques jours de l’anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, est inutilement provocateur dans la volonté d’identification avec les horreurs de la déportation“, a-t-il affirmé, allusion directe aux propos du député villepiniste Jean-Pierre Grand. Pas de quoi troubler celui-ci qui a eu le mot de conclusion juste toujours sur RTL : “si le terme donne mauvaise conscience au gouvernement, c’est toujours cela de gagné! “
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