Vous vous souvenez de ma chronique enamourée de l’album Live des Streetwalkers en décembre où, sans revenir sur l’historique malheureux de ma collection de vinyles, j’évoquais ce groupe depuis longtemps dissout et oublié. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et la tentation cruelle maîtresse m’a jeté victime consentante, dans le catalogue sans fond d’un fameux site de vente sur Internet. J’ai cédé je l’avoue à la facilité, d’un clic le Downtown Flyers des Streetwalkers s’est retrouvé dans mon panier, quarante huit heures plus tard il tournait en boucle sur ma platine CD.
La première mouture du groupe date de 1974, juste après le split de Family, Roger Chapman et Charlie Whitney épaulés de musiciens de studio sortent un album nommé Streetwalkers. Mais c’est l’année suivante que paraît le véritable premier disque des Streetwalkers, Downtown Flyers, dont la formation originelle comprend Roger Chapman (chant) et Charlie Whitney (guitares) auxquels se sont adjoints Bob Tench – ancien chanteur pour Jeff Beck – (chant et guitares), Jonathan Plotel (basse) et Nicko (batterie).
Le nouveau groupe de Roger et Charlie adopte un style plus bluesy que dans Family, Charlie Whitney se consacrant plus à la slide guitare ce qui permet à Bob Tench de développer son approche blues de la guitare. Le disque sera bien accueilli à sa sortie, mais l’Histoire est en marche, nous sommes en 1975, Streetwalkers aurait pu prendre son envol et qui sais ? hélas ! pour le combo, dès l’année suivante et 1977 le mouvement punk va tout submerger, tsunami fatal à ce bel effort avorté.
Neuf titres et 41’ pour ce Downtown Flyers qui s’ouvre avec le titre éponyme, voix rocailleuse et trémolos caractéristiques de Chapman, guitares parfaites et la grosse caisse de la batterie soutenue par la basse qui pousse au cul, une bonne entame musclée, suivie de Toenail Draggin’ qui synthétise bien la collaboration entre Roger et Charlie, un des excellents titres de ce disque. Avec Raingame qui devait être le single à l’origine, ça déménage sévère, la voix de Chapman racle tant qu’on en avale notre salive. Miller est une ballade un peu mièvre aujourd’hui chantée par Bob Tench, tandis que Crawfish piqué à Elvis Presley est un très bon blues poisseux chanté par Roger auquel répond en écho un très bon Bob Tench. Le morceau qui suit Walking On Waters, plutôt lent avec des accélérations, ponctué d’éclats de guitares à gauche et à droite, relance bien la machine et met en valeur la voix de Chapman. Quant à Gypsy Moon c’est surtout une composition de Chapman, très douce, la voix de Roger se fait tendre. Nous en sommes déjà au huitième titre, Burn It Down, après la douceur il faut remettre les gaz, les guitares tissent une bien belle toile dont se détache un solo bien senti, ponctué d’un piano (Max Middleton venu en renfort) pour faire riche et au loin un harmonica (Roger), tout le monde la ramène un peu et aujourd’hui la construction du morceau semble un peu bancale même si Chapman sauve la fin, tandis qu’elle s’enchaîne directement avec Ace O’Spades, un blues acoustique qui clôt le disque en beauté.
Nous sommes en 2010, l’album sent un peu le renfermé et j’admets qu’on n’atteint pas des sommets, néanmoins il reste un très bon album surtout pour ceux qui l’ont apprécié quand il est sorti en 1975. Pour les autres, sachant que l’intérêt principal réside dans la voix de Roger Chapman, je vous propose une vidéo du titre Crawfish, filmé en live au Rockpalast (Allemagne) le 25 mars 1975 année de sortie du disque, avec le groupe original.