Passé sous silence d’Alice Ferney (18/08/10)

Publié le 18 août 2010 par Angelita

Grâce à la Fnac, j’ai lu en avant-première, au mois de juin, les épreuves non corrigées de ce roman.

C’est l’histoire de deux hommes, d’une guerre qui n’en finit pas entre l’Empire (Vieux Pays) et la Terre du Sud. Les attentats, les insurrections n’en finissent pas. Un de ces hommes, général à la retraite, Jean de Granberger, attend d’être rappelé par le peuple pour être aux destinées de l’Etat et ainsi pouvoir arrêter cette guerre car il juge que l’Etat, à l’heure actuelle, est irresponsable.. Peut-être pas de la façon attendue par bon nombre de personnes. Jean retourne donc à la tête de l’Empire après 12 ans de retraite.

Le roman s’attache aux caractères de Jean et de Paul Donadieu. Ce dernier n’est pas un militaire mais travaille comme concepteur, scientifique. C’est un émotif, il est impressionnable, solitaire. A première vue, ce ne serait pas Paul qui se mettrait en marge de la société. Il voue une admiration sans bornes pour Jean car on lui a appris à respecter les anciens, l’Eglise. Cette admiration sera ternie par les actes de Jean qu’il juge répréhensibles. Jean ne correspond plus aux idéaux de Paul et pour cela, il veut que Jean paie pour ses actes en étant jugé. Soucieux des autres, il veut que son projet de procès soit accepté par sa hiérarchie, par les sommets de l’Etat. Mais il ne rencontre qu’indifférence.

La deuxième partie du roman est très intéressante. En effet, on passe du stade de l’interrogation aux stades de l’attentat (parce qu’il en faut en finir avec ce dictateur) et du procès.

Deux hommes entièrement différents. Jean veut le pouvoir, s’appuie sur ses qualités d’orateur, d’ancien chef d’armée. C’est un homme qui, en définitive, trompe son monde. Il a une idée qu’il ne communique pas, il va dans le sens des gens. C’est un meneur d’hommes qui n’hésite pas à écraser tous ceux qui sont contre lui. Il est manipulateur, mais c’est le propre de tout homme politique. Pour le procès, comme tout dictateur, il nomme son propre tribunal pour que celui qui doit être condamné n’ait aucune chance. Cet homme est très dangereux. Il veut laisser une trace dans l’Histoire, avec un grand H pour ses actes, ses discours. Paul aussi, veut laisser une place dans l’Histoire pour que tous les anonymes qui sont morts aient aussi leur nom gravé dans cette Histoire.

Le mot Empire m’a gêné. Au départ, je pensais à un roman d’histoire, mais Le Vieux Pays est quand même évolué, il a sa police, sa radio, son cinéma. Le mot Empire ne nous ferait-il pas plutôt penser à un régime totalitaire qui aurait déjà existé. J’ai été aussi gênée par ce ‘tu’ qui représente Paul. On sent déjà par ce ‘tu’ que l’auteur a déjà fait le choix de son héros.

Je ne me suis pas attaché aux personnages. Ma préférence, s’il y a en a une, va bien entendu vers Paul puisqu’il veut montrer au pays des actes répréhensibles, permettre à ceux qui ont souffert de retrouver un semblant de dignité. Mais de par son caractère, on se rend compte qu’il ne s’en sortira pas.

Je suis sceptique car ce genre de roman ne prend pas aux tripes. L’écriture est belle, travaillée, maîtrisée mais c’est plutôt un roman qui s’attache aux caractères et cela ne m’a pas réellement intéressé.

éééééé