A propos de The Killer Inside Me de Michael Winterbottom 2 out of 5 stars
Dans une petite ville du Texas, Lou Ford, un sheriff de 29 ans à l’allure affable, est en réalité un psychopathe ultra-violent qui assassine des jeunes femmes dont il met ensuite la mort en scène pour faire croire à des crimes crapuleux. Mais il y a un détail auquel il n’avait pas pensé, c’est que l’une d’entre elles survive…
Adapté du roman éponyme de Jim Thompson, publié en 1952, The killer Inside Me décrit la trajectoire d’un tueur en série dont le « monde intérieur est en contradiction avec son comportement. Lou est un personnage qui fait semblant d’être ce qu’il n’est pas… » dixit Michael Winterbottom.
Si le réalisateur cherche bien à montrer qu’il n’y a pas de raison ni d’explication logique à chercher au comportement de Lou Ford (c’est un psychopathe, un point c’est tout), il le fait avec un tel art de l’emphase que le film, au contraire de l’intérêt qu’il devrait susciter, devient rapidement ennuyeux voire pénible à regarder.
Là où il devrait être suggestif, Winterbottom filme et dit tout. La scène où Lou s’acharne à battre à mort la prostituée Joyce est insoutenable. Cette manière complaisante et démonstrative de vouloir montrer la violence d’un personnage dans ce qu’elle a de plus primitif (idée qu’on retrouve aussi bien dans la scène de torture du flic dans Reservoir dogs de Tarantino que dans Tueurs nés d’Oliver Stone par exemple) a montré ses limites.
L’effet recherché (prouver que la violence intrinsèque du personnage n’a pas d’explication rationnelle) est un échec, le spectateur n’éprouvant que du dégoût voire une forme de rejet pour ces interminables scènes de tabassages. Manque de recul ?
Manque d’ellipses en tout cas dans la mise en scène ampoulée de Winterbottom qui cerne, mais avec des traits épais, la violence de son personnage. Au-delà de l’ambigüité d’un tel dispositif filmique, qui ralentit l’action et rend le film laborieux (suspense éventé, chute attendue), on se demande s’il n’y a pas même comme une fascination (inconsciente ou pas) du réalisateur pour la violence de Lou. Le même pouvoir retors de fascination ne pourrait-il pas alors s’exercer aussi sur le spectateur ? Il aurait fallu plus de finesse, plus de nuances pour décrire la perversion et le côté sadomasochiste de Joyce (Jessica Alba), prête à tout pardonner à Lou malgré ce qu’il lui a fait.
Casey Affleck est très bon malgré tout dans l’ambivalence de son personnage, la dualité d’un héros en apparence lisse et poli mais hanté par des pulsions destructrices. Lou éprouve même du remords après ses crimes. C’est un type profondément mal dans sa peau, ce qu’il confie plusieurs fois en voix off. Traumatisé, sans doute, par les mœurs perverses et sadomasochistes de sa mère qu’il reproduit. Comme dans L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, son personnage finira mal.
Mais lorsque que pour sa chute, Winterbottom a en plus piqué à James Gray (Two Lovers) l’idée de la musique de L ‘Elisir D’Amore: Una Furtiva Lagrima (Acte 2) de Donizetti, on se dit que trop, c’est trop…
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