Grand saut dans le bain du Prix des Lectrices de ELLE !
Mon enthousiasme déjà grand a atteint des sommets en ouvrant le précieux colis avec les 3 premiers bouquins ; et je suis encore toute à l'ivresse de cette toute première fois, toute toute première fois, d'une longue série de 8 envois.
Une fois l'excitation passée, il fallait en choisir un sur les 3 pour débuter, la courte paille décida que ce serait le document, "Les Disparues de Vancouver" d'Elise Fontenaille et ainsi fut-il.
Edité dans la collection "Ceci n'est pas un fait divers" de Grasset, celui-ci n'avait déjà rien pour me plaire : collection racoleuse, titre faussement accrocheur, 4ème de couverture façon "J'accuse" ; " Les Disparues de Vancouver" accumulait déjà les faux pas avant même l'ouverture du livre. Et malheureusement, on n'est pas détrompé, sauf à être amateur d'anecdotes sordides et sanguinolentes. Un bon sujet pour un "Faites entrer l'accusé", mais pas pour un ouvrage de cette sélection.
Comme son titre le laisse suggérer, l'auteur relate l'histoire vraie de la disparition d'une soixantaine de prostituées de Vancouver, à travers le cas particulier d'une d'entre elles, Sarah de Vries. Partant déjà du sordide de la vie de ces filles, toxicos par addiction, prostituées par nécessité, avec leur lot de viols, passage à tabac, overdoses etc. le livre s'enfonce dans l'atrocité la plus noire sur fond de cannibalisme et de meurtres en série. Rien n'est épargné au lecteur, et Elise Fontenaille se repaît dans un sensationnalisme morbide franchement agaçant. Entre la description du calvaire de ces filles et la retranscription de certains passages du journal intime de Sarah de Vries, on referme le livre en ayant une sensation de voyeurisme tenace, qui nous en fait regretter la lecture.
Tant le sujet que l'écriture laissent à désirer dans cet ouvrage. Témoigner sur la descente aux enfers que peut devenir la prostitution semblait une bonne idée, mais pourquoi avoir choisi cette histoire si terrible, qui relève bien plus du fait divers romancé que du document appelant à la réflexion. Aucune seconde lecture n'est possible de cet ouvrage, qui semble se complaire dans la surenchère d'atrocités. Aussi affreuse soit-elle, cette histoire m'a semblé anecdotique et lui consacrer un ouvrage inutile. Dans la même collection, le roman de Didier Decoin "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" est bien plus intéressant et profond, car soumettant à la question plusieurs aspects du fait divers narré.
Elise Fontenaille propose un style journalistique tantôt larmoyant tantôt tragique, qui n'est pas sans évoquer la lecture de Paris Match plus que celle d'un bon document.
A suivre, "Les Derniers Jours de Stefan Zweig", dans la catégorie Roman.