L'apprenti sorcier finalement c'est quoi?
Un blockbuster certes. Un film aux effets spéciaux omniprésents sans pour autant choquer les fragiles rétines du spectateur trop habitué à ses nouvelles images. Parce que oui les loups gris d'un calendrier qui prennent vie, le dragon de papier qui s'anime et grimpe le long de la façade d'un immeuble c'est du réchauffé. Pourtant içi on en redemande.
Et puis il y a l'histoire. Parce qu'il y a une histoire, une histoire bateau. Une sorcière maléfique qui veut détruire l'humanité, une jeune homme "hors de la meute" qui se révèle avoir un avenir exceptionnel devant lui, une histoire - deux en fait - d'amour, des êtres séparés qui se retrouvent dans l'un de ses langoureux baisers comme seul hollywood sait les faire et qui nous extirperait presque une larme. Oui du classique on a dit. Et alors? Ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas aimer. D'ailleurs même si la fin est un peu téléphonée le film ne manque ni d'action, ni de suspens
D'autres raisons d'aller le voir? New York. Oui parce que si l'on échappe pas au fameux plan des building la nuit, on reste néanmoins schotché devant cette capacité à jouer avec l'environnement urbain. Du Chrysler building à Chinatown, tout un monde que le spectateur ne se lasse pas d'admirer.
Notre héros?Certains y verront là une sorte d'Harry Potter 2.0, pâle imitation d'un geek étudiant en physique. Mais à la différence de l'élève de Poudlard, il y a un emerveillement quasi permanent dans cette production qui en fait un peu plus qu'un divertissement estival. (Je ne serais pas surprise de voir le nombre de visites exploser sur la page "Bobine Tesla" de Wikipédia) Et puis y a de tout dans ce film, des références - et des emprunts - aux films à succès (Fantasia, Harry Potter, Star Wars) un peu d'humour, beaucoup l'auto-dérision.
Sans en faire un film hautement intellectuel, le mode opératoire est tout ce qu'il y a de plus consacré, ravivant nos plus vieux souhaits dont le plus commun : "Après tout pourquoi pas nous?"
Nous créatures ordinaires noyés dans la masse d'une population grandissante et toujours plus uniforme.
Chaque scène est un stimuli à notre bon vieux cerveau reptilien. Et on se souvient que nous aussi on aurait aimé plus jeune apprendre que l'on était un être hors du commun. Pas de doute, s'il y a quelque chose que ce film déverse dans notre inconscient c'est du rêve
Sinon? Et si on y allait juste pour voir Nicolas Cage avec des cheveux longs?
Pour finir la Bande - Annonce
Ou alors on pourrait aussi terminer sur le poème de Goethe traduit par Gerard de Nerval
Le vieux maître est enfin sorti, et je prétends que ses génies fassent aussi ma volonté. J’ai bien remarqué les signes et les paroles qu’il emploie, et j’aurai bien la hardiesse de faire comme lui des miracles.
« Allons ! allons ! vite à l’ouvrage : que l’eau coule dans ce bassin, et qu’on me l’emplisse jusqu’aux bords !
« Approche donc, vieux balai : prends-moi ces haillons ; depuis longtemps, tu es fait au service, et tu te soumettras aisément à devenir mon valet. Tiens-toi debout sur deux jambes, lève la tête, et va vite, va donc ! me chercher de l’eau dans ce vase.
« Allons ! allons ! vite à l’ouvrage : que l’eau coule dans ce bassin, et qu’on me l’emplisse jusqu’aux bords ! »
Tiens ! le voilà qui court au rivage !… Vraiment, il est au bord de l’eau !… Et puis il revient accomplir mon ordre avec la vitesse de l’éclair !… Une seconde fois ! Comme le bassin se remplit ! comme les vases vont et viennent bien sans répandre !
« Attends donc ! attends donc ! ta tâche est accomplie ! » Hélas ! mon Dieu ! mon Dieu !… j’ai oublié les paroles magiques !
Ah ! ce mot, il était à la fin, je crois ; mais quel était-il ? Le voilà qui revient de nouveau ! « Cesseras-tu, vieux balai ?… » Toujours de nouvelle eau qu’il apporte plus vite encore !… Hélas ! quelle inondation me menace !
Non, je ne puis plus y tenir… Il faut que je l’arrête… Ah ! l’effroi me gagne !… Mais quel geste, quel regard me faut-il employer ?
« Envoyé de l’enfer, veux-tu donc noyer toute la maison ? Ne vois-tu pas que l’eau se répand partout à grands flots ? » Un imbécile de balai qui ne comprend rien ! « Mais, bâton que tu es, demeure donc en repos !
« Tu ne veux pas t’arrêter, à la fin !… Je vais, pour t’apprendre, saisir une hache, et te fendre en deux ! »
Voyez-vous qu’il y revient encore ! « Comme je vais me jeter sur toi, et te faire tenir tranquille !… » Oh ! oh ! ce vieux bâton se fend en craquant !… C’est vraiment bien fait : le voici en deux, et, maintenant, je puis espérer qu’il me laissera tranquille.
Mon Dieu ! mon Dieu ! les deux morceaux se transforment en valets droits et agiles !… Au secours, puissance divine !
Comme ils courent ! Salle, escaliers, tout est submergé ! Quelle inondation !… Ô mon seigneur et maître, venez donc à mon aide !… Ah ! le voilà qui vient !
« Maître, sauvez-moi du danger : j’ai osé évoquer vos esprits, et je ne puis plus les retenir.
— Balai ! balai ! à ton coin ! et vous, esprits, n’obéissez désormais qu’au maître habile, qui vous fait servir à ses vastes desseins. »