Éthérisée, je suis. Éthérisée sur ta table de chirurgien. Tes outils sont tous disposés, bien. Qu'attends-tu pour me découper? Serait-ce mon regard meurtri qui t'empêche de poser ta lame tranchante sur ma peau diaphane? Concentre-toi, je t'en supplie. Dissèque-moi, incise-moi le corps. Épluche-moi comme une orange sanguine. Décortique chacun de mes morceaux, le moindre de mes mécanismes. De ta lame d'acier, transperce ma surface lisse. La douleur me soulage, le sang qui s'écoule m'extasie. Oh non! Ne ferme pas les yeux! Ouvre-les grand! Lâche ta lâcheté et pose tes doigts glacés sur ma peau lacérée. Examine mes entailles. Entre dans mon corps, fouille mes entrailles. Retiens tes hurlements et prends-moi, vaille que vaille. Assume ton plaisir de pouvoir enfin sentir ma chair, à découvert.Sous ma peau, le chaos. Surtout n'y change rien. Essaye simplement de comprendre, d'entendre l'écho des miroirs qui reflètent ton propre sort. Tu avais tort.