His ’N’ Hers, ou le premier tournant pour Pulp.
L’année 1994 fut en effet le big bang pour le quintet de Sheffield. Le début de la gloire, de la renommée, des concerts à foison… Bref, de ce qu’on appelle succès commercial.
Mais il n’y a là rien de péjoratif. Car Pulp n’est pas un groupe comme les autres. Tout ça, aujourd’hui, on le sait. Mais en 1994, qu’en savait-on ? Rien du tout.
Autour de leur éternel leader charismatique, Russel Senior, Candida Doyle, Nick Banks et Steve Mackey sont alors bouleversants d’ingénuité. Le « pantin-chanteur », lui, est au top de ses capacités d’envoûtement. Inutile de regarder en avant (l’année 1995 sera encore une autre galaxie), ou en arrière (Separations ne laissait pas entrevoir une telle symbiose à venir au sein du groupe).
Alors, qu’est-ce que tout cela donne ?
Si, aux premières écoutes, on se sent assez perturbé et perplexe quant à la production des onze titres (notamment pour tous ceux qui ont commencé à partir de Different Class), on oublie vite cette petite légèreté qui au final rend cet album incroyablement parfait.
Car oui, la production est plus brute, puisque logiquement « less expensive », que par la suite. Voilà qui ajoute énormément de charme aux morceaux. Un défaut, c’est parfait !
Au début, je le trouvais fade, ce premier succès de Pulp. Puis, une fois digéré le fait que la musique n’est effectivement pas formatée radio ou chaîne musicale, on entre de plein pied dedans. Les instruments et la voix sont tous très proches de nous, on imagine très les membres jouer devant nous.
Aucun faux pas. De l’entrée en matière abrupte de « Joyriders » au génialissime et très enjoué « David’s last summer », on s’en prend plein la tronche (even more if you can understand English, of course).
Sommets de l’album ? « She’s a lady », lascif, lancinant. On sentirait presque une odeur de clope émanant du disque autour de nous ! Difficile de s’en remettre, surtout que « Happy endings » ne nous en laisse même pas l’opportunité et nous enfonce encore plus, avec son climax atteint à la 3ème minute. Ou encore « Pink glove » et ses gémissements qui confirme que les paroles, dont les titres, ne sont pas des métaphores. Très excitant.
Finalement, plutôt que de se battre pour choisir entre Different Class et This Is Hardcore, pourquoi n’avouerait-on pas que His ’N’ Hers est le premier chef-d’œuvre de Pulp ?
NB : Veuillez ne pas lire les paroles en écoutant l’enregistrement. À bon entendeur. Ou si, faites-le quand même au moins une fois.