La semaine dernière alors que soleil était encore des nôtres, j’étais parti en safari photo dans le parc de Marly. Je ne me doutais pas que j’allais tomber aux quatre coins du parc sur une frénétique sarabande sexuelle, une partouze tous azimuts, une débauche orgiaque de demoiselles folles de leurs corps. Après cette belle entame qui devrait m’amener de nombreux lecteurs échauffés, avides de détails croustillants confirmés par des photos éloquentes je peux préciser mes intentions.
Je ne sais pas à quoi vous pensiez en lisant ces premières lignes, je confirme qu’il y aura des photos éloquentes, mais moi je vais vous parler des libellules. Près des margelles du grand bassin ou bien proches de quelques zones légèrement marécageuses, le ballet des graciles insectes, de tailles et couleurs différentes, offrait un très beau spectacle. Le bleu claquant des agrions jouvencelles, le rouge vif des sympétrums, le bleu délavé des orthétrums cancellatums, une escadrille virevoltante d’insectes en quête de partenaires pour accomplir leur devoir imposé par la nature, perpétuer l’espèce.
L’agrion jouvencelle en grande quantité dans le parc, mesure 3,5cm de long et semble d’une minceur extrême. Le mâle est d’un bleu très clair tandis que la femelle est plus terne. Durant les jours d’été ensoleillés mâles et femelles s’accouplent dans la position dite de la roue, le mâle se tient perpendiculairement accroché au cou de la femelle par ses pinces abdominales et conserve cette posture pendant que la femelle pond ses œufs dans des plantes aquatiques. Les larves éclosent après deux à cinq semaines – selon la température de l’eau – et vivent cachées au milieu des plantes aquatiques à l’affût de petites proies. Après avoir hiverné, elles poursuivent leur développement jusqu’à atteindre une longueur de 2cm et les libellules adultes éclosent de mai à août.
1- Couple d’agrions affairé à sa besogne 2- Un larron voyeur attend son tour ? 3- Deux mâles éconduits peut-être, se consolent
Les sympétrums eux aussi ne sont pas en reste et s’en donnent à cœur joie, n’hésitant pas parfois à voler dans cette position ce qui permet à la femelle d’émettre ses œufs en balançant l’abdomen.
1- Couple 2- Après l’effort, un petit encas n’est pas de refus, ici un mâle a repéré ce qui fera un chouette casse-croûte.
Quant à l’orthetrum cancellatum qui aime se chauffer au soleil sur des pierres ou des allées de graviers, il ne se pose que rarement sur les plantes. L’accouplement a lieu sur le sol et le femelle pond ses œufs en eau peu profonde sur des plantes aquatiques sous la surveillance du mâle. La larve prédatrice vit dans l’eau et il lui faut deux ou trois ans pour atteindre 2cm et éclore de l’enveloppe larvaire sous forme d’une libellule adulte.
1- Mâle attendant sa dulcinée