Alain Juppé s'exprime enfin...

J'aime beaucoup Alain Juppé. Depuis longtemps. Quand j'avais suivi le RPR au sortir de mes 18 ans, c'était aussi à cause de personnes comme lui. Aussi, avec cette droite "UMP officielle" des Lefebvre & Co au pouvoir, j'écoute avec intérêt et attention la parole de personnes comme Alain Juppé.
Il y a eu beaucoup de prises de position à droite ces derniers temps. Certaines qui ne font pas forcément honneur à ma sensibilité politique. D'autres qui parlent d'une surenchère sécuritaire peu républicaine. Donc j'avais envie d'entendre ou de lire ce que pense le Maire de Bordeaux. Très envie.
J'étais heureux, en début de semaine dernière, de voir mon Google Reader me prévenir d'un billet sur le blog de Juppé. C'était ici qu'il avait exprimé des désaccords assez profonds sur des sujets de fond (réforme territoriale) ou de forme (le style présidentiel). Donc...
Le billet, appelé "Confusion Intellectuelle", commence comme suit : " Plusieurs d’entre vous me pressent de sortir de ma “torpeur estivale”. Je n’en ai guère envie. Cela fait du bien de décrocher de temps en temps, de prendre un peu de recul… même si je ne suis qu’à moins de 200 km de Bordeaux. Pourtant, j’ai craqué..". On va voir ce qu'on va voir j'ai pensé. Soit la gauche bien pensante, soit l'UMP officielle qui se droitise, mais certains vont en prendre dans les dents, youpi.
J'ai été déçu. Le billet d'Alain Juppé était consacré à une défense forte et convaincue de la francophonie. En prenant appui sur un article dans le Point intitulé : "Français, pour exister, parlez English".
Oui, le sujet est important et il mérite qu'on défende un point de vue différent de ceux qui pensent que la nation et la langue sont des valeurs désuètes. Pourtant, aujourd'hui, j'avoue que j'attendais autre chose...
Alain Juppé est revenu jeudi dernier à la charge dans un deuxième billet, sur le même thème. Je n'ai pas lu...
Partir en Lozère m'aura fait du bien. Surtout que depuis mon iPhone (qui passe même à Quézac), mon flux RSS m'informa qu'Alain Juppé était revenu à la charge sur son blog. J'avais peur du sujet, et puis le titre, "Retour aux fondamentaux", me donna un peu plus d'espoir.
Je n'ai pas été déçu : son billet est très bon.
Je retiendrai, de l'intervention de Juppé, une position que je défend régulièrement. Faire des lois dont on sait qu'elles ne seront pas appliquées, c'est idiot. Donnons plutôt les moyens d'appliquer celles qui existent. Aussi, j'ai apprécié ce passage :

"Durcir la loi? Ce peut être nécessaire. A condition que la loi nouvelle ne soit pas de pure circonstance et surtout qu’elle soit applicable et appliquée dans la durée. Je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas. Souvent les textes en vigueur suffiraient, s’ils étaient vraiment appliqués.
S’agissant par exemple de l’extension des motifs de déchéance de la nationalité française, je note avec intérêt l’interrogation de Gérard Larcher, président du Sénat, dans Le Figaro d’aujourd’hui: “Applique-t-on réellement le droit déjà en vigueur? L’article 25 du Code civil ne fournit-il pas déjà la réponse à la plupart des questions posées? C’est ce que nous devrons vérifier. ”
Je rappellerais volontiers, dans la foulée, cette belle maxime de Montesquieu: “Quand il n’est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire.”".

J'adhère totalement à ces positions, que je trouve pleins de bons sens. Comme je trouve de bon sens son sentiment qu'il "est démesuré de soutenir que les libertés publiques sont menacés, et que Vichy et nazisme sont des arguments ridicules". En parlant de liberté publique, je n'ai pas le sentiment que les miennes soient menacés par ces dernières prises de positions (mais je ne compte ni voler d'autoradio, ni tirer sur personnes ces prochains jours).
J'ai apprécié cette prise de position d'Alain Juppé. Oh, elle est confidentielle. Il ne dit pas de mal de Nicolas Sarkozy donc elle sera passée sous silence. En ce moment, certains aiment bien l'insulte et l'outrage facile.
Mais sur le fond, il y a une critique de la méthode, que je rejoins. Critique aussi sur cette manière de s'opposer en allant dans le même excès que ce contre quoi on prétend s'opposer. Jusqu'à une escalade qui fait qu'au final, tout le monde perd...
Attendons la suite...