Cour de la Mairie du IVe arrondissement de Paris, un monument aux morts, des façades percées de fenêtres, dont quatre à l’étage sont ouvertes pour permettre d’accrocher, au moyen de câbles un miroir fait de douze carrés (trois en largeur, quatre en hauteur) réfléchissant une partie de la façade opposée, des pavés du sol et des premiers rangs des spectateurs qui s’installent. Un piano à queue ouvert devant lequel le pianiste vient s’asseoir, sorti du bâtiment par une porte. Par une autre porte, arrive une femme, le regard sévère, presque inquiet. Elle voit le public, passe devant le miroir suspendu, s’arrête, y plonge ses yeux interrogateurs, hésite, public, miroir, donne à ce dernier un mouvement d’avant en arrière qui balance l’image, notre image, l’image du lieu, à laquelle la femme s’agrippe. Nous sommes déjà passés dans une autre dimension, accompagnés par le piano. Mais ce n’est pas fini. Elle prend un tabouret haut sur lequel elle grimpe, face au miroir. Elle retire sa chaussure gauche et d’un coup sec du talon brise l’un des miroirs centraux, laisse tomber sa chaussure et passe la tête dans l’ouverture ainsi pratiquée. Elle brise ensuite le second miroir central. Du rectangle d’origine ne reste que le tour. Elle passe entièrement de l’autre côté du miroir, dédouble sa propre image, deux jambes droites, deux bras gauches, et l’inverse, se balance au trapèze qui trace la médiatrice des côtés longs du miroir, s’assoit sur les faces tenues horizontalement, s’y met debout, tout un jeu d’équilibres qui nous tient en haleine sans nous faire oublier le piano dont les cordes sont frappées directement avec des sortes de mailloches, par le pianiste qui entre, lui aussi, dans son instrument.
Ce spectacle était proposé dans le cadre de Paris Quartier d’Eté (en cliquant sur la photo ci-contre, vous atteindrez le site de ce festival).