Psychodrame à la mosquée

Publié le 16 août 2010 par Laurelen
Touche pas à mon ramadan ! L'altercation entre un Réunionnais de confession musulmane et des policiers de confession sarkozyste, devant la mosquée de Saint-Denis, en pleine période de ramadan, a provoqué un psychodrame qui fait les choux gras des journaux. Le fait que l'interpellé soit le fils de la présidente du conseil général, Nassimah Dindar, ajoute un côté politique à l'affaire, qu'alimente la dame en postant un message sur sa page facebook. Extrait : "Cela fait deux ans qu'on mêle le nom de la Présidente du Conseil Général à des faits divers. Avant cet incident incompréhensible, la police a interrogé, il y a 15 jours et pendant 4 heures, Abdul-Hack de telle sorte qu'il sente qu'on cherche à persécuter sa mère. Les membres de ma famille sont des citoyens comme les autres. Mais sont-ils vraiment considérés comme de simples citoyens ?
Est-ce normal de chercher des détails privés et religieux lors d'une enquête liée à la Collectivité ?
Pour aucun de ces faits divers, la Présidente du Conseil Général n'est jamais intervenue auprès d'une quelconque autorité policière ou judiciaire. Mais j'ai l'intime conviction que depuis 2 ans, il y a une volonté délibérée de nuire à mon image. Et de me fragiliser psychologiquement. Pour moi, cette posture relève de l'acharnement.
Je ne veux pas que ma famille soit victime d'un acharnement dont les visées sont manifestement politiques.
En ce qui concerne l'incident, je pense -en tant qu'élue et présidente du Conseil Général- que ce qui s'est passé à la sortie de la mosquée est dangereux et nuit à la cohésion sociale. Il ne devrait pas y avoir d'utilisation de pistolets tasers et de gaz lacrymogènes à la sortie d'un lieu de culte (Eglise, synagogue, mosquée, Temple,...). Toute la Réunion est indignée !".
Drame à l'île de la Réunion ! Ramenons les faits à de plus justes proportions. vendredi dernier, un fourgon de police patrouille en face de la grande mosquée. Une altercation l'oppose à un homme, qui se trouve être Abdul-Hack juan, fils de Nassimah Dindar. Selon les policiers, celui-ci les aurait insulté sans raison. Selon le mis en cause, et des témoins, le fourgon de police aurait frôlé de près le mis en cause, provoquant sa colère. Début de mécontentement, les fidèles qui sortent de la mosquée s'énervent auprès des policiers, ceux-ci appellent en renfort la bac (brigade anti-criminalité), dont la réputation n'est plus à faire en matière de diplomatie et d'interventions en douceur. C'est le bordel : lacrymos, menaces d'utilisation du taser...
Rien que de très normal quand la bac intervient. Ce qui est étonnant, c'est qu'ensuite ce mini fait-divers prenne un tour religieux et politique.
Nassimah Dindar y voit un complot politique contre elle et sa famille (Nassimah n'a pas que des qualités, mais c'est une femme politique respectable. On la connaît un peu au Pirate, et franchement, il y a pire...). Certains commentateurs y voient un acte d'islamophobie de la part de la police. Bref, une simple altercation, en plein centre-ville de Saint-Denis, tourne au psychodrame, avec en filigrane, racisme, islamophobie, complot politique... C'est faire beaucoup d'honneur à des flics qui ont simplement agi comme d'habitude. L'"outrage", la "rebellion", sont désormais les meilleurs arguments des policiers ordinaires contre qui s'énerve un peu contre eux. Quand ça dérape, hop, la bac. Quitte à ce qu'on soit mis en examen pour "outrage" à notre tour, on va rappeler que cette brigade, composée de volontaires, chouchou de la politique sécuritaire du gouvernement, est qualifiée de "bande de cow-boys" au sein même de la police nationale. Toutes les polices du monde ont besoin de flics de choc. A qui on pardonne certains débordements...
En France on a la bac. Autant la théorie du complot de Mme Dindar ne tient pas, autant celle de la pauvre police insultée, humiliée, encerclée par de dangereux émeutiers va tomber à l'eau très vite. Parce que pas crédible. Comme les ITT de trois policiers, égratignés lors d'un râlé-poussé, feraient sourire n'importe quel inspecteur de la Sécu. C'est fou comme on est fragile dans la police.
On ne donne pas le bon Dieu sans confession à Abdul-Hack. On n'a pas le droit d'insulter la police républicaine. Qui de son côté doit se montrer respectable. Et respectueuse. Ce n'est pas toujours le cas.
Si ce n'avait pas été le fils de Nassimah, si ça n'avait pas été devant la mosquée, jamais on n'aurait parlé de cette histoire. Parce que tous les jours la bac, pleine d'un sentiment d'impunité, rejoue -et surjoue- les films de cow-boys qui faisaient les délices de nos dimanches après-midi. Mais, de grâce, qu'on nous épargne le complot politique, et le "racisme" anti-musulman". On croit savoir qu'un des principaux syndicalistes policiers est un membre éminent de la communauté (quel vilain mot) musulmane à la Réunion.
A la place du procureur de la République, du commissaire Trenec, patron des flics réunionnais, et du préfet, on se poserait plutôt des questions sur les agissements de certains policiers qui se la jouent Starsky et Hutch. Mais bon, on n'est pas à leur place.

François GILLET