Incident de personne d'Eric Pessan

Par Sylvie

AVANT-PREMIERE RENTREE LITTERAIRE

 

 

Editions Albin Michel, 2010

 

Ce roman, qui m'a été présenté à la journée Rentrée littéraire de la revue Page des libraires en juin, concourt justement pour le Prix Page remporté en 2009 par L'annonce de Marie-Hélène Lafont.

 

Huit-clos, un homme animant des ateliers d'écriture...tout pour me plaire. Sauf que j'ai eu une grosse déception !

 

Tout concourt pourtant à en faire un très bon livre : un train est bloqué dans un no man's land, au milieu de la Sarthe ; un "incident de personne" a eu lieu, autrement dit, un homme ou une femme s'est jeté sur la voie.

 

Un homme monologue ; a côté de lui, une femme qui tape ses SMS.

Cette femme, nous ne saurons rien d'elle, à part qu'elle est consultante en développement personnel en entreprise.

Mais elle reste silencieuse...

 

Pour une fois, l'homme qui a tout perdu, l'éternel confident de sa famille, de ses amis et surtout des personnes en désérrance qu'il accueille lors d'ateliers d'écriture, va parler, va ouvrir la grande armoire, le coffre-fort, comme il le dit. Dans un espace-temps complètement flou, il livre à la femme tout son désespoir de vivre, la relation avec ses parents et le trop plein de malheurs qu'il côtoie lors des ateliers.

 

C'est plutôt bien écrit, il y a tentative de créer une atmosphère, à la limite du fantastique (les bruits que l'on entend contre le toit du train, les lueurs à l'extérieur...)...

 

Mais quelle désespérance !

 

Moi qui pratique un atelier d'écriture depuis 2 ans, je trouve dommage que l'auteur les ai vus uniquement sous l'angle "thérapeutique" : comment libérer toute sa souffrance, tous ses traumatismes.

 

Le narrateur lui-même devient malade de toutes ces confidences et devient à son tour un désespéré !

 

Eric Pessan reprend la marque d'une certaine littérature française de notre époque, comme par exemple Laurent Mauvigné dans Seuls

 

Mais je pense qu'il y manque quelque chose, un souffle. Je n'ai pas du tout adhéré au personnage à l'intérieur duquel il n'existe aucun "sursaut". Pas de compassion, pas d'identification...

 

J'attends de partager votre avis....