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Père Frédéric Manns, Le Magnificat et la prière d'Israël

Publié le 15 août 2010 par Walterman

 

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Marie résume la prière des femmes d'Israël :

Elle se souvient de l'expérience de Sarah qui, en Genèse 21,6, s'était exclamé : "Dieu m'a donné de quoi rire, tous ceux qui l'apprendront me souriront".

Léa éclatait de joie et s’écriait : "Quel bonheur pour moi, car les filles m'ont proclamé bienheureuse" (Gn 30,13).

Judith, une autre femme d'Israël, a marqué la pensée de Marie: "Tous la bénirent d'une seule voix: Tu es la gloire de Jérusalem, tu es l'orgueil d'Israël" (Gn 15,9).

Anne, la mère de Samuel, dans son chant d'action de grâces, avait souligné la pédagogie paradoxale de Dieu au cours de l'histoire. 1 Sam 2,4-7 exprimait le même ton que la prière de Marie.

La prière de Marie retrouve les expressions de la prière d'Israël :

"mon âme exulte" (Ps 34,9; cf Ps 30,8; 110,9),

"Son nom est béni à jamais, bénies en lui toutes les races de la terre" (Ps 71,17).

Le prophète Michée s'exprimait ainsi : "Accorde à Jacob ta fidélité, à Abraham ta miséricorde que tu as jurées à nos pères dès les jours d'antan" (Mi 7, 20)

L'hymne sapientiel d'Israël est sorti du coeur de la Vierge :

Le recours aux termes opposés qui est typique du Magnificat est caractéristique également de la littérature sapientielle:

"Le Seigneur a renversé le trône des puissants et fait asseoir à leur place les doux. Le Seigneur a déraciné les orgueilleux et a planté à leur place les humbles" (Sir 10,14-15).

La sagesse consiste à savoir accepter la place qui a été assignée à chacun dans le plan de Dieu. Marie devient ainsi la figure du sage par excellence. Luc dira qu'elle méditait tous ces événements dans son coeur.

Marie, comme Israël a fait l'expérience de la miséricorde de Dieu :

Luc souligne dans le cantique de Zacharie, le Benedictus, la même expérience du père de Jean-Baptiste. En fait le terme hébreu de hesed appartient au vocabulaire de l'alliance. L'expérience unique de Marie lui permettra de collaborer à l'accomplissement de l'alliance, du dialogue que Dieu a entrepris avec les hommes.

Marie, en tant que femme, représente Israël :

Dans la théologie des prophètes le concept d'alliance est approfondi : la relation d'alliance est traduite par une alliance d'amour conjugale. Dieu aime son peuple d'un amour indestructible. Il peut être en colère contre la femme de sa jeunesse à cause de son adultère, mais tout cela se tourne contre lui-même, le blesse lui l'Amant dont les entrailles se retournent. Dieu ne se montre plus dans sa capacité à punir, mais dans l'indestructibilité de son Amour. Dieu n'entre pas seul dans la relation d'Israël. Le peuple y est convié.

Marie dans son chant de louange se réfère aux mères d'Israël. La figure de la femme est indispensable à la cohérence de la foi biblique. Elle exprime à la fois la réalité de la création et la fécondité de la grâce. Marie est perçue de façon typologique dans les femmes d'Israël.

Nier le féminin dans la foi conduit à la négation de la création et à la non réalisation de la grâce.


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