Grand débat à l’intérieur de la majorité. Il concerne l’allocation de rentrée scolaire, le retour des élèves en classe approchant. À ma droite, si j’ose dire, le député Édouard Courtial, qui veut verser cette allocation non plus en argent, mais en bons d’achat. À ma gauche, le secrétaire d’État à la Famille, Nadine Morano, qui est opposé à cette idée. Le premier nommé a toutefois la signature de 114 de ses collègues, preuve que l’idée fait son chemin à l’UMP.
Rappelons que l’allocation de rentrée scolaire, qui coûte 1,5 milliard d’euros aux contribuables, est versée à 2,9 millions de ménages sous condition de ressources. Les aides progressent avec l’âge de l’enfant scolarisé : 280,76 euros pour un enfant de 6 à 10 ans, 296,22 euros pour les 11-14 ans et 306,51 euros pour les 15-18 ans. Des sommes relativement importantes dont Édouard Courtial craint qu’elles ne servent à acheter toute autre chose que des fournitures scolaires. Étant donné que les courses de fournitures scolaires se font surtout en grandes surfaces (a fortiori pour les familles modestes), on voit mal comment Édouard Courtial pourrait résoudre ce problème par le versement de l’allocation en bons d’achats. Qu’est-ce qui empêchera une famille d’utiliser les bons d’achat pour acheter les fournitures scolaires et autre chose ? La caissière de l’hypermarché devra-t-elle vérifier, alors que les files d’attente seront pleines au moment de la rentrée scolaire, si le montant de fournitures scolaires achetées correspond à la valeur faciale du bon d’achat ? Les gens n’auront-ils pas le droit d’acheter autre chose, à côté ?
On en vient donc à se demander si Édouard Courtial fait parfois ses courses de fournitures, ou s’il laisse son assistant parlementaire lui acheter des cahiers Clairefontaine dans des papeteries, où les ménages modestes ne vont pas.
Le flicage est inhérent au socialisme
Nadine Morano objecte à la proposition de loi d’Édouard Courtial que cela conduirait à contrôler et surveiller les bénéficiaires de cette allocation.
Ce faisant, elle décrit le socialisme lorsqu’il est pratiqué de manière cohérente. Pour éviter les abus, inévitables, d’un système de redistribution étatique (et non « sociale »), il est indispensable qu’un contrôle soit établi.
Le député de la Marne, Catherine Vautrin, ne disait pas autre chose quand il proposait de renforcer les contrôles pour éviter l’usurpation d’identité en matière de Sécurité sociale, notamment avec une carte Vitale biométrique.
D’aucuns, à gauche, parleront de mesures « liberticides ». On connaît la liberté à géométrie variable des solfériniens, qui n’aiment la liberté que quand elle ne s’oppose pas au collectivisme. La liberté des contribuables de pouvoir jouir de leur argent, entre autres choses, ne fait pas partie de leurs priorités.
Le socialisme professé à l’UMP est plus cohérent : oui au collectivisme, nous dit Édouard Courtial (au nom de quoi devrait-on prélever de l’argent sur les Français pour leur en saupoudrer une partie en retour, sinon pour faire vivre les administrations chargées de le collecter et de le redistribuer ?), mais oui au collectivisme cohérent, c’est-à-dire où les prestations sont contrôlées.
Évidemment, personne, dans la majorité, n’avance l’idée selon laquelle on pourrait rendre leur argent aux contribuables et les laisser acheter librement ce qu’ils veulent : fournitures scolaires, écrans plasma, Wii, poulets rôtis…