
S’il l’a encore portée au cours de la trilogie Ocean’s Eleven, il a depuis laissé la panoplie du déconneur derrière lui, et s’est imposé en quatre films (ni plus, ni moins) comme un grand acteur, sortant de l’ombre de son frère (dont je parlerai également plus tard dans la semaine...). Gerry, une troisième collaboration avec Gus Van Sant, en 2002, Lonesome Jim de Steve Buscemi en 2005, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik et Gone Baby Gone de son frangin Ben, tous deux en 2007. Quatre films qui ont grandi Affleck, quatre films ayant révélé une présence insaisissable. Il y a une étrange tristesse chez l’acteur que ces quatre cinéastes ont su capter et canaliser dans des rôles puissants. Après avoir frôlé le Prix d’Interprétation à Venise pour Jesse James (finalement remis au seul Brad Pitt pour le même film), Affleck a décroché une nomination à l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour son portrait de Robert Ford.

L’ellipse de trois ans dans la carrière de Casey Affleck m’a probablement fait placer trop d’espoir dans The Killer inside me, un film précédé d’une réputation sulfureuse depuis sa présentation à Berlin en février dernier. Un film auquel nombreux sont ceux à avoir reproché une violence gratuite. La violence est effectivement bien là, insistante, dérangeante. Lorsque Ford s’acharne à coups de poings sur sa maîtresse, difficile de garder les yeux à l’écran sans remuer sur son siège.
Pourtant le problème de The Killer inside me ne se situe pas là, mais bien dans le scénario. Le film de Winterbottom m’a surpris, car je ne m’attendais pas à un film aussi hésitant. D’un côté le film semble accorder une vraie attention à son intrigue, à son côté polar. Le film est très bavard pour bien nous expliquer les différents enjeux et nous plonger dans cet engrenage de violence dans lequel s’engage Lou Ford.

Winterbottom semble avoir retenu du film noir que l’on se fout un peu de l’intrigue, que l’on n’est pas sensé tout comprendre, et qu’une ou deux actrices sexy, ici Jessica Alba et Kate Hudson (Alba l’emporte haut la main pour ce qui est de la température qui monte dans la salle), emballent l’affaire. Cette base qu’il pose tue, à mes yeux, son film.Et Casey dans tout cela ? Mi-ange mi-démon, il est plus troublant et glaçant que jamais, à défaut de l’être dans un excellent film comme il nous y avait habitués avant son hiatus. Je lui pardonne volontiers, et attend le prochain avec impatience.