A trop avoir salué la capacité des Etats-Unis à porter à leur tête un président de couleur, les observateurs extérieurs ont sous-estimé la violence et la détermination d’une partie non négligeable des américains à vouloir mettre au plus vite un terme à la présence d’un noir à la Maison Blanche. Diabolisé pour son interventionnisme, accusé de défendre les pauvres et les gens de couleur, Obama est considéré comme une menace pour le rêve américain.
La machine anti-Obama, alimentée notamment par Fox news et les tea parties , tourne à plein régime. Il ne s’agit pas d’une simple opposition un peu virulente mais, pour la première fois d’une opération de délégitimation. Les ressorts utilisés sont des plus classiques. Tout d’abord faire entrer dans les crânes que le Barack Obama n’est pas un vrai américain mais un tricheur qui a menti sur sa nationalité .
Cette bataille de l’opinion, lancée par les birthers, est lourde de sens. Elle s’attaque à la légitimité du président car si Obama n’est pas né à Hawaï comme il l’a indiqué mais au Kenya, son élection n’est pas valide car la constitution américaine exige une naissance sur le sol américain. Et la calomnie prend de l’ampleur. Selon un sondage CNN/Opinion Research rendu public le 4 août à l’occasion du 49e anniversaire du président, plus d’un quart des Américains doutent que Barack Obama soit effectivement né aux Etats-Unis.
Ouvrir cette porte, permet de jouer sur un registre plus ambigu qui s’appuie sur les peurs paranoïaques. Faux américain, Obama serait en fait un agent de l’étranger au service d’un complot anti-américain pire, le fruit d’un mélange entre satanisme et communisme.
La multiplication des affaires de corruption de différents élus démocrates contribue à nourrir le terreau populiste des tea parties qui relèvent que loin d’« assécher le marais » de la corruption, ils l’avaient promis, les démocrates seraient les plus corrompus de tous.
Ce travail de sape basé sur la peur et la déception porte ses effets.
Début juillet, pour la première fois depuis vingt et un mois, une majorité d’Américains dit désapprouver l’action de son président.Le signal est d’autant plus inquiétant que le 4 novembre prochain se dérouleront les élections de mi-mandat au cours desquelles le tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants seront renouvelés. Les républicains entendent bien prendre le chemin de la reconquête du pouvoir en faisant basculer à cette occasion le Congrès en leur faveur. En fait leur objectif, tout à fait atteignable est de reprendre la Chambre des représentants et de passer au Sénat le seuil des 60 voix pour paralyser l’action législative du président.
Et pourtant, sous la pression de lobbies très organisés le Congrès a déjà bloqué ou édulcoré les principales réformes présidentielles. Les propos récents de Barack Obama laissant penser qu’il était favorable à l’installation d’une mosquée près du site des attentats du 11 septembre à New York au nom de la liberté religieuse est vite apparu comme une perche offerte à ses opposants les plus extrêmes qui le présentent comme un musulman bien qu’il soit chrétien. Conscient de ce risque, Barack Obama a été contraint de revenir sur ses déclarations pour les clarifier. Lors d’un déplacement en Floride, il a déclaré ne soutenir que le droit des organisateurs de construire le centre. Signe de l’embrasement de la société américaine, la controverse sur la construction de cette mosquée a donné lieu à l’interdiction de la diffusion d’une publicité dénonçant le projet par deux grandes chaînes de télévision.
Mais la vraie bataille se situe sur le terrain économique ou l’interventionnisme de l’Etat américain rendu obligatoire par la crise ne passe pas. La mise en place d‘une couverture maladie et le début de réglementation de Wall street alimentent les craintes d’un Etat qui s’occupe de tout et surtout qui soit tenté par une volonté de redistribution des richesses.
Conscient que son succès est étroitement lié à la réussite économique du pays, Barack Obama a lancé un appel à la mobilisation des syndicats de salariés américains à l’approche des élections à mi-mandat. “Nous allons continuer à nous battre pour une économie qui travaille pour tous et non pas pour quelques privilégiés”, a déclaré le président. Défendant ses réformes, l’ancien sénateur de l’Illinois a expliqué aux dirigeants de l’AFL/CIO, la principale confédération syndicale du pays :”Je suis fermement convaincu que les entreprises sont plus fortes quand leurs employés sont bien payés, bénéficient d’une bonne couverture sociale et sont traités avec dignité et respect“.
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