Montpellier affrontait les Girondins de Bordeaux ce soir sur Canal+ dans ce qui était l’un des chocs au sommet de cette première journée de Ligue 1, entre le 5ème et le 6ème du dernier exercice. Analyse.
Garry Bocaly, buteur ce soir pour Montpellier, aura eu beaucoup de travail sur son côté droit. (Photo Panoramic)
On les avait enterrés trop vite. C’est exactement ce que j’ai pensé à la 94ème minute quand M. Enjimi (meilleur que ses accesseurs) a sifflé la fin d’un match qui voyait les joueurs du Montpellier Hérault l’emporter 1-0 sur les Girondins de Bordeaux. Il n’y avait qu’à voir l’Equipe de ce jour pour s’en rendre compte : la défaite de jeudi soir en Europa League contre les Hongrois de Györ avait conduit tous les « experts » du foot français, et il y en a plus d’un, à faire du MHSC un club presque déjà condamné, en vertu du théorème de la deuxième saison, selon lequel les équipes promues font toujours une bonne première saison avant de rechuter et être relégués.
Effectivement, la performance réalisée en Coupe d’Europe n’a pas été très rassurante à trois jours de la reprise de la Ligue 1, qui plus est face à un prétendant désigné au titre de champion de France. Une défaite face à une médiocre (il faut bien le dire) équipe d’un championnat de seconde zone, pas terrible. Surtout pour une équipe qui avait laissé entrevoir de bonnes choses dans le jeu la saison dernière, et qui s’était battue pour avoir accès à nouveau au prestige de l’Europe, la fête a bien vite été gâchée… Mais une chose est sure, ce soir le joueurs de René Girard ont démontré qu’ils avaient de la ressource.
Cette victoire de Montpellier sera certainement plus vue comme une défaite Bordelaise dans les analyses à venir, notamment du fait des 8 absences que Jean Tigana avait à déplorer pour son premier match officiel sur le banc girondin. Il faut vraiment nuancer ce fait. En tout premier lieu, le MHSC n’avait pas non plus la possibilité d’aligner sa défense centrale titulaire, et, en raison de la suspension de Spahic et des blessures de Dzodic et El-Kaoutari, avait dû se résoudre à associer Yanga-Mbiwa (20 ans) et Stambouli (19 ans) dans l’axe, tout en sachant qu’une telle jeunesse ne lui avait jamais souri la saison passée. Ensuite, côté bordelais Sané n’est pas un véritable remplaçant, dans ce sens qu’il a beaucoup participé à la deuxième partie de saison bordelaise l’année dernière. Par contre je concède volontiers qu’il n’est pas arrière droit, et sa piètre performance à ce poste (ce n’est pas la première) pourra confirmer mes dires. Mais le point principal pour moi vient du fait que ce soir, c’est avant tout offensivement que Bordeaux a eu du mal, alors même que les 6 joueurs qui composaient le milieu et l’attaque étaient les titulaires inamovibles ou presque de cette équipe… Et qu’on-t-il fait en 90 minutes ? Pas grand-chose. Alors même que la défense n’a jamais eu à s’employer, le problème n’a pas vraiment été celui auquel tout le monde pensait avant le match.
Bordeaux sait faire le jeu, et Bordeaux a eu à faire le jeu. Montpellier ne devait pas tomber dans le panneau, et les protégés de René Girard ont scrupuleusement suivi les consignes en étant avant tout (et comme à leur habitude) appliqués défensivement, puisque seul Giroud restait en pointe sur les phases sans ballon pour gêner la première relance des bordelais, et notamment celle de Fernando, loin d’être maladroit balle aux pieds. 10 joueurs qui défendent, avant d’essayer de profiter, sans folie, d’une éventuelle brèche dans le dispositif adverse. Et des brèches, il y en a eu, notamment grâce à la défense en zone assez dense mise en place par Tigana, qui laissait beaucoup d’espaces dans la latéralité du terrain, ce qui n’a pas été sans déplaire à Bocaly, plusieurs fois bien lancé par des renversements de jeu d’Estrada. Heureusement pour les Bordelais, l’ancien marseillais est encore perfectible au niveau des contrôles et des centres, sans quoi un nombre d’actions dangereuses plus important aurait pu être répertorié. Face au bloc héraultais, la difficulté était donc de trouver de la profondeur, ce que Gourcuff a eu beaucoup de mal à faire, en étant, il faut bien le dire, bien esseulé. Honnêtement, j’ai rarement vu un milieu de terrain en losange dans lequel les joueurs étaient aussi distants les uns des autres… Pire encore, ni Gouffran ni Cavenaghi ne décrochaient vraiment pour apporter un surnombre qui aurait pourtant été bien utile au milieu du terrain. Résultat, avec des Montpelliérains qui les attendaient sagement, l’intensité mise par les bordelais était parfois proche du match de gala de France 98 cet après-midi.
On a beaucoup entendu cette semaine que les recrues du MHSC ne compensaient pas les départs, alors même que personne n’avait pu les voir jouer. Estrada n’est pas Costa, c’est sûr, mais son apport sur phase arrêté peut être intéressant comme en témoigne sa passe décisive à Bocaly (il n’y a d’ailleurs pas faute sur ce coup-franc là) ou encore le coup-franc dégagé par Sané. Et que dire de sa capacité à renverser le jeu où à conserver le ballon. Pas un génie, mais intéressant. Et surtout combattif, dans l’état d’esprit de la maison en quelque sorte. Pareil pour Kabze, qui aura couru comme un beau diable et qui aura pris confiance en lui au fur et à mesure que le match avançait. S’il avait d’ailleurs été moins altruiste sur quelques contres, le score aurait peut-être été différent… Bref pas mal. Et je ne compte pas le banc de touche, qui a permis à Girard de changer trois joueurs sans perdre en intensité, là où le coaching de Tigana reste pour moi un mystère. Gourcuff n’avait certainement pas 90 minutes dans les jambes, je conçois. Mais Ayité, qui aura été transparent tout le temps qu’il aura passé sur le terrain ? Et Bellion pour Gouffran, c’est blanc bonnet et bonnet blanc… La vraie solution aurait été de permettre à Fernando de participer plus au jeu, ou d’autoriser Sané à monter plus, même s’il ne m’en a pas l’air trop capable. Au lieu de ça, les bordelais sont restés à 3 pour s’occuper du seul Giroud, et les changements ont tous été effectués poste pour poste… Pas très offensif comme choix.
Au final, les bordelais n’auront été dangereux qu’une fois en 90 minutes, par l’intermédiaire de Trémoulinas qui trouva le poteau de Jourdren (encore impeccable ce soir) suite à un gros travail de Wendel. Avant cela, Giroud et Kabze avaient déjà failli faire parler la poudre, et Olimpa laissait entrevoir quelques faiblesses… Symbole de l’impuissance bordelaise, Cavenaghi aura tiré pour la première fois au but à la 91ème minute (coup-franc horrible soit dit en passant). Trop peu pour être dangereux. Gourcuff aura bougé, mais sans jamais être décisif, et l’on retiendra plus de lui le pied dans la figure du portier montpelliérain que son match, très moyen, à l’image de ses prestations de la fin de saison dernière. Trop esseulé. A l’inverse, le bloc du MHSC a fait le boulot, pas toujours dans la plus grande sérénité ni la plus grande propreté, mais sans jamais vraiment trembler, à l’image de la saison passée. Je crois quand même qu’il faut à nouveau souligner la performance de la défense centrale que je pensais voir en grande difficulté et qui n’aura pas eu énormément de choses à faire mais qu’il l’aura fait plutôt correctement, bien encadrée par les « vétérans » Pitau et Jeunechamp, toujours aussi fourbes.
On les avait enterrés trop vite, ils ont démontrés qu’ils sont bien là, mais il reste encore 37 journées pour tout le monde, et tirer des conclusions aujourd’hui serait certainement trop hâtif : Bordeaux montera certainement en puissance avec un peu de travail, d’application et d’implication, et Montpellier devra encore produire de nombreux matchs de qualité avant de pouvoir penser à une première partie de tableau qui est l’objectif que le club s’est fixé…
Alex.