Paul Simon et Art Garfunkel chantent la lente dérive d'une relation qui s'étiole, lorsque chacun se replie sur lui-même, lorsque les vies parallèles ne se rejoignent plus à l'infini, lorsque les phrases ne comportent que des mots... La conversation ne va alors plus au-delà de la frontière de la vie de l'un et de l'autre. Chacun chez soi, chacun en soi, chacun pour soi, et l'amour s'évapore en silence.
Paul Simon a décrit cette chanson comme celle qui lui avait pris le plus de temps à écrire et à enregistrer, mais aussi l'une de ses préférées. C'est, en effet, un chef-d'œuvre, tant par le texte que par la mélodie, et il s'en dégage un sentiment de profonde mélancolie.
Ne nous laissons pas enfermer à l'intérieur des frontières de nos vies : le bonheur n'y survivrait pas !
La Conversation Flottante
C'est une nature morte au pastel
L'après-midi qui s'achève
Sur les carreaux brille le soleil
Mais les ombres s'élèvent
Nous prenons le thé en silence
Vautrés dans notre indifférence
Comme dans un coquillage
Le bruit de la mer fait rage
Dans la conversation flottante
Les soupirs pour réparties
Les frontières de nos vies
Je lis mon Robert Frost, et toi ton
Emily Dickinson
Et sur nos pages les signets mesurent
Nos pertes qui s'additionnent
Nous sommes comme les vers sans rythme
Et les couplets sans rime
D'un mauvais poème
Syncopé à l'extrême
Et la conversation flottante
Les soupirs pour réparties
Sont les frontières de nos vies
Nous parlons de sujets qui comptent
Employant des mots forts
" L'analyse peut-elle être utile ? "
" Le théâtre est-il vraiment mort ?"
Dans la pièce, les couleurs s'effacent
Ce n'est que ton ombre que j'embrasse
Ta main, je ne la sens pas
Tu es une étrangère pour moi
Perdus en conversation flottante
Les soupirs pour réparties
Aux frontières de nos vies.
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)