L'été tire à sa fin. Je prends le train. C'est étrange d'écrire dans le train et de pouvoir, quasi en instantané, publier sur internet. J'essaie de finir d'écrire mon bouquin. Je ne sais pas si je vais y arriver. Je suis à la moitié et six mois que je sèche. Mon indécision chronique pèse même sur les feuilles qui restent désespérément blanches. Comme des marionnettes, suspendues en pleine action, mes héros hésitent et laissent le temps au temps.
Dans mes écouteurs, le “saving my face” de Katie Tunstall, une guitare endiablée et une boîte à rythme qui règle ses pas sur le mien. Je regarde par la fenêtre. Mon chien, à côté de moi.
C'est dimanche et j'ai pris le train. En prévision de mon déménagement imminent, je refais des cartons que je n'ai jamais défait, dormants dans une remise, des photos qui ont pris l'eau dehors et il a fallu toutes les trier, jetant, par la même occasion, un coup d'oeil dans le rétro. Premier film réalisé, premier amour, premier bouquin, première rupture, première virée en Espagne, première fois super amoureuse, premier voyage en amoureuse, première gueule de bois, premières vacances, premier emménagement ensemble, premier déménagement… Je regarde ces centaines de photos et mes premières fois ne s'arrêtent jamais. On défait des cartons, on refait des cartons, on bouge, on virevolte, on tombe, on se révolte, on se relève, le sourire aux lèvres…
On marche sur un cahier, celui de nos 10 ans et nos premiers poèmes. Déjà pour une fille, ça n'a jamais vraiment changé. Dans le souvenir elle est belle, intelligente, déterminée et plus âgée. Ca n'a pas beaucoup changé. Dans le souvenir, elle regarde la petite personne de 10 ans comme on regarde une petite personne qu'on a sous sa garde, on lui raconte des histoires pour qu'elle s'endorme, on lui fait un bisou sur le front, on ferme la porte et on file retrouver son amour. Ca aussi ça n'a pas beaucoup changé.
Alors on range le cahier et on file prendre son train car c'est dans les trains que s'écrivent les plus belles histoires…