« Jeunes et grands-parents devraient s’unir pour changer cette société »

Publié le 16 août 2010 par Lecriducontribuable

Ils sont deux des lauréats de la Bourse Tocqueville de l’année 2009. Édouard Chanot, étudiant en droit, et Jean-Baptiste Jaussaud, en communication, ont répondu aux questions de Laure Robin, lauréate 2010. Ils évoquent l’après-Bourse Tocqueville. Tous deux espèrent faire naître un nouveau débat politique en France, pour construire une société civile plus forte, et parler enfin des libertés de l’individu, celles qui, selon eux, sont facteurs d’intégration et d’entrepreneuriat.

Un an après, qu’a changé la Bourse Tocqueville pour vous?

E.C : Un tel séjour modifie profondément la perception de la politique. Aux États-Unis, la société civile a un poids plus important que l’État. Depuis une cinquantaine d’années, elle s’est organisée autour d’intellectuels et de revues, de chercheurs, de militants et de groupes de pression. La lutte partisane, âpre et inscrite dans le court-terme, comme on la connaît en France, a été écartée au profit d’un long travail qui ne s’envisage que dans la durée. Ce voyage permet d’abord de démystifier l’image que l’on a des États-Unis.

J.B.J : Les organisations américaines sont gérées comme des entreprises et je reste très marqué par cette culture qui est la clef pour faire avancer nos idées en France. Je garde d’excellents souvenirs de rencontres avec des personnalités comme le sénateur Ron Paul. Comme lui, je continue en France de créer des passerelles entre mon réseau et mes idées. Là-bas, c’est construire avec toutes les forces vives de la société, dans le respect des libertés de chacun.

Quels sont les projets concrets accomplis grâce, ou, après elle?

E.C : De retour des États-Unis, j’ai organisé la Réunion des Blogueurs (RdB), inspirée de la « Bloggers’ meeting » du think-tank Heritage Foundation, en l’adaptant aux exigences hexagonales. Elle se tient deux fois par mois chez Contribuables associés et permet de faire rencontrer blogueurs, auteurs, journalistes et jeunes adultes impliqués dans la diffusion sur Internet des valeurs de liberté et de responsabilité. L’idée est de construire des bases communes autour de projets, ce qui manque bien souvent au sein de la société civile française. La réunion existe depuis bientôt un an et a accueilli des représentants  de l’Institut pour la Justice, de SOS Education, de l’Institut Turgot, et beaucoup d’autres. Les auteurs Pascal Salin, Henri Lepage, Yvan Blot, ou Ivan Rioufol ont aussi pu exposer leurs opinions. Les débats sont conviviaux et ouverts à tous.

J.BJ : J’ai rapporté bon nombre de méthodes dans mon organisation Liberté Chérie. J’ai également eu l’opportunité de me faire des contacts au sein des lobbies américains durant la bourse et je suis retourné faire mon stage de fin d’étude à Washington dans un think-tank. Deux expériences qui m’ont fait grandir. Elles m’ont armé de nouveaux arguments pour faire avancer le débat en France.


Et pourquoi pas une carrière politique en France?

E.C : J’ai peu d’attirance pour la vie politique française… encore moins attiré par le rôle d’élu. Je poursuis aujourd’hui ma formation à l’Hudson Institute à Washington, auprès de son directeur général, Kenneth Weinstein, un homme brillant et francophile. Jean-Baptiste a eu un jour cette formule très heureuse : « La France renaîtra de sa diaspora »… Et pourquoi pas ?

J.B.J : Je suis actuellement porte-parole de l’association Liberté Chérie. C’est une activité riche, passionnante et nécessaire. Nous avons entrepris de proposer un nouveau modèle social. Nous avons notamment commencé par dénoncer les écueils de  notre modèle actuel, à travers les coûts du monopole de la Sécurité sociale. J’invite vos lecteurs à visiter le site www.salairecomplet.com. Mon objectif n’est pas de gagner une élection, mais de préparer les réformes nécessaires. J’ai beaucoup plus soif de changement que d’une carrière politique.

Et pour le contribuable français, quel avenir?

E.C : Il n’y a sans doute pas grand-chose à attendre du contexte actuel. Les faits n’auront de cesse de pointer la faillite de la planification, de l’État-Providence et le mirage de la société multiculturelle qui n’a de « culturelle » que le nom. Les contribuables sont évidemment victimes de ces idéologies. En revanche, il est indéniable que la révolution technologique que nous connaissons aujourd’hui va dans le sens d’une plus grande décentralisation, et donc vers une liberté croissante de la société civile. Reste à savoir si nous serons en mesure de saisir cette liberté, en structurant un mouvement, ou si nous ne ferons que plonger vers un nihilisme encore plus désespérant.

J.B.J : La situation économique actuelle ne peut pas durer éternellement. La pression fiscale ne peut peser si longtemps et aussi lourdement sur un pays. Je suis plein d’espoir quand je vois, dans les réunions de Liberté Chérie ou de Contribuables associés, que retraités et étudiants, ensemble, arrivent à la même conclusion. Voyez le déficit que les hommes politiques ont réservé à la jeune génération ! Les jeunes et leurs grands-parents devraient unir leurs forces pour changer cette société.