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Rakaa Iriscience : Crown Of Thorns

Publié le 15 août 2010 par Crazyhorus

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Seul membre des Dilated Peoples à ne pas s’être épanoui en solo, Rakaa faisait un peu pale figure au milieu des projets de ses illustres compères. Pourtant, ce MC un peu boudiné à l’indéfectible bob qui lui permet de cacher des yeux à demi-clos sous l’effet de la lourdeur cannabique, a toujours été très convoité. Présent sur les opus (et pas les moindres) de ses frères d’armes, il multiplie les collaborations avec DJ Honda, DJ Vadim, Blackalicious, les Swollen Members, les Visionaries, Funkdoobiest ou encore DJ JS-1. Fortement imprégné de l’atmosphère laid back de la scène rap de Los Angeles, ce fin limier a longtemps baroudé dans l’underground, effectuant durant la fin des années 1990 ses premières armes en compagnie de Joey Chavez, The Anonymous, The Mind Clouders et Of Mexican Descent.
Propulsé en tête du Hip Hop dit “alternatif” avec les Dilated Peoples, Rakaa impose alors un style qui malgré son caractère assez commun, reste indéniablement solide et au final facilement identifiable. Avec Crown Of Thorns, le rappeur de Cali signe (enfin) un premier album bien garni (Roscoe, KRS One, Fashawn, Defari, Chali 2na, Krondon...) dont la direction artistique témoigne d’une confiance inébranlable envers les habitués que sont Sid Roams, Alchemist, Evidence, Babu, Honda ou encore Exile. Porté par l’énorme single “Delilah” concocté par un Evidence dont le talent ne cesse de croître depuis 1996, Crown Of Thorns assure les devants à première vue. Reste à voir ce qu'il a dans le ventre.
Pour notre homme, la tache est immense. Passer après la série redoutable des Duck Season du DJ américano-philippin, et de l'excellence de The Weatherman ou de The Layover n'est pas chose aisée. Si la comparaison entre ces différentes galettes et la présente s'avère impertinente, nous pouvons néanmoins distinguer un point commun qui se traduit par une certaine fraicheur dans l'utilisation des samples et des cuts, alliée à des beats amples et denses, comme l'atteste la superbe production éponyme de Sid Roams sur un hook intense d'Aloe Blacc. Epaulé par le génie créatif d'Alchemist et le verbe brillant d'EV et Fashawn sur "Aces High", Crown Of Thorns prend les traits d'un album homogène, où l'équilibre des titres semble respecté ("The Observatory", "Eyes Wide", "Human Nature"). On ne pourra en revanche s'empêcher de regretter la présence de tracks dispensables comme "Assault And Battery" saturé au possible, dont le grain brouillon rappelle presque le "Mean Streak" d'EL-P. Outre ces deux exemples les plus désagréables, Rakaa nous offre un panel de morceaux inégaux. Hésitant entre l'apathie rythmique infligée par les drums de "Rosetta Stone Groove" ou des cuivres latinos de "Mezcal", et le côté plus engageant et sismique de "C.T.D" et "Ambassador Slang", l'équilibre reste fragile. Au final, la tension s'évanouie sur un air contemplateur à la beauté diaphane ("Upstairs"), conclusion quelque peu surprenante de la part d'un Alchemist tout en finesse.
Au bout du compte, si Crown Of Thorns ne possède pas l'envergure qu'on lui souhaitait, Rakaa a réussi à en faire un album conforme à sa personnalité affable et à son éclectisme musical. Sitôt les défauts oubliés, il trouvera sans problème des acquéreurs enchantés d'ajouter une galette de plus à la discographie des Dilated Peoples.

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