Délicat de résumer en quelques termes toutes les mélancolies, les cassures, les chutes, les grands huit et l’amour acidulé retranscrits dans cette « Fin de saison ». Je vous laisse parcourir la sélection de l’éditeur :
« Mon grand-père repose maintenant dans son village d’Auvergne, face à la montagne qui l’a vu naître et vivre mais qui ne l’a pas vu mourir. On va fermer la maison. Assis, dehors sur une pierre volcanique sombre et granuleuse, je tire machinalement sur ma cigarette. Je regarde, les yeux embués, la montagne à laquelle il est désormais lié dans l’éternité. Après toutes ces années à ses côtés, les souvenirs se bousculent et s’emmêlent dans ma tête…».
J’ai un amour particulier pour les chroniques, les instants de vie, les personnages doués d’une réalité psychologique. Alors je n’ai pu être que convaincue par cette parcellisation du temps en vingt-et-une séquences, de cette douleur traumatisante de naître à cette libération de fin de vie, qui humidifie les yeux des descendants et leur fait fermer les volets de la maison des souvenirs. Bonheurs contre troubles, douceurs contre amertumes, cette oscillation entre les différents récits m’a tout simplement ému et fait écho, comme elle pourrait toucher chacun de nous. Il ne s’agit pas des « Nouvelles sous ecstasy » de Beigbeder, pas d’autodérision, pas d’amour-propre joyeusement lacéré, mais un point commun: « Avons-nous besoin d’une pilule pour raconter notre vie à des inconnus ? Alors qu’il y a la littérature pour ça ? ». Pierre-Olivier Lombarteix a répondu à cette interrogation, en ne choisissant pas de décrire sa vie, mais la vie de tous : de ceux qui savent vivre l’amour avec légèreté, de ceux qui maudissent les dimanches vides de sens ou de ceux qui croient au pouvoir du dialogue quitte à étiqueter à leur blouson une image de « parents hors de la réalité qui croient que main levée égal échec ».
Le cadre est poétique, l’écriture fluide et évidente. Les récits sont brefs, mais intensifient l’effet produit par le texte, toujours empreint d’un charme classique. J’ai été surprise qu’un homme puisse faire couler les mots avec cette sensibilité à fleur de peau et étonnée également qu’il utilise le « e » à la fin du mot professeure, preuve d’une reconnaissance ultime. J’ai été encore plus abasourdie de lire cette lettre de Marie au Seigneur, qui montre un amour et un respect profond pour les femmes de notre Terre, toutes sans restriction : un réel coup de cœur que cette nouvelle pour la pseudo-féministe que je persiste à porter en moi. Alors merci !
Emilie Genévrier