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L’Arbre, soit ce père pilier d’une grande famille qui meurt brutalement un jour d’été, terrassé par une crise cardiaque dans sa voiture, et qui laisse derrière lui, enfants et femmes ; des protagonistes dont la douleur ne s’exprimera jamais par des cris, mais par touches successives de poésie, à mi-chemin entre conte fantastique et drame de réapprentissage à la vie. Car le film de Julie Bertuccelli est lumineux, solaire, vivant, malgré le deuil à faire et le chagrin à expérimenter. Laissant de côté un symbolisme qui aurait été grossier et simpliste, elle s’abandonne à de jolies métaphores, l’arbre comme âme de la figure masculine, les chuchotements du vent comme paroles à peine audibles, les branches qui se cassent comme autant de manière de désapprouver les larmes et les choix des vivants. Dans cette belle parenthèse aérienne, forte et délicate, la cinéaste se fait discrète mais tenace, marchant à tâtons mais imposant sa marque avec détermination, ne retenant jamais le souffle qui imprègne son récit : des sanglots étouffés dans l’oreiller à ceux d’un nouvel acte d’amour qui chasse le passé, des premiers mots que l’on prononce ("Je ne veux pas mourir") au cyclone tout aussi dévastateur que salvateur, qui vient détruire ce qu’il reste (des souvenirs, de la tristesse) pour mieux permettre à tous de tourner la page. Entre une ouverture au son d’Asaf Avidan & The Mojos et les balbutiements pudiques d’une caméra qui capte tout de son sujet, L’Arbre est un vrai beau film, suave comme la sève de ce figuier de la baie de Moreton, qui souffre et qui guérit tout à la fois.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 05 septembre à 15:29
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