Culte du dimanche : Amadeus

Un grand film pour un grand génie de la musique. Amadeus est une ode intemporelle à la création portée par la plus grande composition et par un auteur, Milos Forman, très inspiré.

10 ans après avoir été acclamé par la critique pour avoir enfermé Jack Nicholson dans un asile avec Vol au dessus d’un nid de coucou, Milos Forman va chercher son second oscar en 1985 pour Amadeus. Et pour cause puisque le film était un classique instantané sur le plus grand génie musical de son époque : Mozart. Afin de mener sa mission à bien, Forman adapte la pièce de Peter Shaffer. Ce n’est donc pas la réalité historique qui nous est présentée mais un certain point de vue du rival Antonio Salieri, alors bien âgé, longtemps après la mort de Mozart. Cet angle audacieux est un choix particulièrement astucieux puisqu’il permet à Milos Forman de raconter son biopic de manière prenante et de ne pas s’encombrer de la réalité historique au profit d’une histoire enlevée.

Il faut dire que les deux personnages sont portés par des acteurs de choix et particulièrement inspirés. Tom Hulce campe un Mozart aussi passionné que candide.

L’acteur fait transparaitre tout le génie du personnage sans forcer le trait et on sent clairement la musique qui habite Wolfie à chaque instant. D’un autre côté, F. Murray Abraham est tout simplement parfait dans le rôle de son plus proche rival, Antonio Salieri, à la fois fasciné et jaloux du génie de Mozart à tel point qu’il le voit comme gamin un instrument de Dieu. Les rencontres des deux personnages sont à chaque fois un grand moment, les deux jouant sur deux tableaux. Ils se détestent mais ont chacun besoin l’un de l’autre. L’un pour monter ses opéras, l’autre pour profiter d’une gloire qui ne viendra jamais. Ce face à face culminera dans un final intimiste où Salieri comprendra enfin tout le génie de Mozart alors que celui-ci est terrassé par son œuvre la plus ambitieuse.

De son côté, Milos Forman livre une mise en scène qui colle parfaitement aux personnages.

A la fois ample et intime, elle permet au film de de ne pas prendre une ride les années passant. Les décors et costumes sont magnifiques et la lumière entièrement naturelle nous fait entrer dans l’ambiance classique de l’époque. Bien que de nombreux éléments ne soient pas raccord avec la vérité historique (la commande du requiem, la mort de Mozart, celui-ci dirigeant l’orchestre, …), tout est là pour nous faire ressentir toute la détresse créative que vit Salieri avec son point de vue déformé par l’âge et la folie.

La grande force du film est également d’être accessible à tous les publics et ne se concentre pas que sur les initiés de la musique classique.

En faisant de Mozart une figure un peu rock’n'roll de l’époque et en se concentrant sur un témoignage digne d’un film policier en plein XVIIIe et la rivalité fraternelle des deux protagonistes, Forman entretien l’intérêt du spectateur donne toutes les clés pour que le public comprenne toute l’importance du génie de Mozart dans le monde de la musique. La fascination pour l’œuvre d’Amadeus est là et reste à l’esprit longtemps après la vision du film. Il en ressort donc une immense ode à la création artistique intemporelle.

Pas étonnant que le film ai été plébiscité avec 8 oscars dont meilleurs film, réalisateur et acteur et un césar du meilleur film étranger. Amadeus figure aujourd’hui dans tous les grands TOP100 des meilleurs films du cinéma (imdb, afi, …). Le biopic le plus intéressant du cinéma, sans doute. Un film culte, assurément.