Genre: documentaire
année: 1989
durée: 50 minutes
Synopsis: A partir de photographies commentées par les rescapés, ce documentaire explore la Mémoire des camps de concentration, à travers différents témoignages.
la critique de Eelsoliver:
Cette troisième partie de Nuremberg à Nuremberg, intitulée Avant L'Oubli ?, repose sur une série d'entretiens avec des survivants de l'Holocaust, à l'exception d'un soldat anglais, Harry Oakes, qui a pris plusieurs photographies du Camp de Bergen-Belsen lors de sa libération.
Parmi les personnes interrogées, Henri Haut (dont le père, le frère et la soeur sont morts à Auschwitz), Goerges Angéli (auteur de 11 photographies prises cladestinement à Buchenwald), Jorge Semprun (déporté à Buchenwald), François Bertrand (déporté à Buchenwald puis à Dachau), Léon Navarro (déporté à Dora), Germaine Tillion (déportée à Ravensbrück), Serge Choumoff (déporté à Mauthausen), Jacques Francis Rolland (correspondant de guerre de l'armée américaine) et Harry Oakes (que j'ai déjà évoqué précédemment) témoignent et reviennent sur les images prises dans les camps de concentration et d'extermination nazis.
Difficile de résumer l'ensemble de ces témoignages tant ils sont bouleversants... Mais plusieurs questions se posent selon les sensibilités et les différentes expériences traumatisantes: la question du deuil et notamment celle de la transmission de ce vécu aux enfants et aux petits enfants.
Comment décrire l'horreur absolue ? Comment expliquer la mécanique infernale des camps de la mort ? Autant de questions complexes abordées par ces hommes et ces femmes qui ont miraculeusement survécu.
Toujours est-il que chaque camp de concentration était dicté par l'absurdité, l'arbitraire et la volonté de couper toutes les références appartenant à l'individu.
Ainsi, les juifs n'avaient plus de nom et étaient numérotés par un matricule. L'un des témoignages les plus surprenants reste celui de Georges Angéli qui a réussi à prendre quelques photos du camp de Buchenwald en 1943. Les cas de photos prises pendant l'existence de ces camps sont très rares.
Certaines personnes évoquent également la réaction des G.I. américains lors de l'ouverture des camps. D'ailleurs, à ce sujet, Eisenhower déclarera: "Si on ne sait pas pourquoi on est venus se battre, maintenant on le sait". Mais d'autres photographies des camps seront prises, notamment des photos de propagande et de mise en scène afin de montrer que les conditions d'emprisonnement n'étaient pas si terrifiantes dans les camps de concentration. C'est ce que nous révèle Léon Navarro, résistant et déporté à Dora.
Quant à Germaine Tillion, déportée à Ravensbrück, elle évoque les expériences bactériologiques pratiquées sur les juives. Ces femmes étaient surnommées les "petits lapins".
Le but était de créer des plaies et d'inoculer certains virus. Certaines photographies de cicatrices et de blessures seront effectuées par certaines prisonnières.
Germaine Tillion parle ainsi de l'existence du Bloc N.N., connu également sous le nom du Bloc de la Honte.
D'autres témoignages parlent de la libération des camps, des fours crématoires, des amoncellements de corps sur plusieurs mètres et de cette odeur de mort qui règnait à l'intérieur de ce paysage apocalyptique. D'ailleurs, ce documentaire se termine sur cette question: comment expliquer cette odeur nauséabonde près des fours crématoires ?
A ce sujet, aucune photo, aucun livre ne peut rendre compte de cette odeur. Seule la littérature peut permettre de s'approcher un peu de la vérité.
Un documentaire saisissant et des témoignages essentiels et percutants, qui rappellent les heures les plus sombres de l'Humanité.
Note: difficile de noter un tel documentaire... Mais allez, 100/20