Weeds: Saisons 1 à 5
Ah, Weeds! Weeds, Weeds, Weeds… une série pour laquelle j’éprouve une affection toute particulière. Et pourtant, je reconnais que ce n’est pas un chef-d’œuvre. Ce n’est pas son but non plus, il faut croire. La série est un divertissement léger qui est là pour amuser avant tout. Son format court de 28 minutes par épisode qu’elle partage avec la plupart de ses consœurs de chez Showtime lui permet difficilement d’être autre chose en même temps. Pour ma part, sans être intéressé plus que ça par le thème de la drogue (juré craché !) qui est au cœur de la série, j’ai malgré tout vraiment bien accroché, comme rarement d’ailleurs, à ce show sans grande prétention. Si bien que j’arrive difficilement à en dire du mal. Je ne saurais moi-même bien expliquer pourquoi, cela relèverait davantage du travail d’un psy de répondre à cette question.
Mais si je ne peux définir clairement ce que Weeds a pour moi de plus par rapport aux autres séries, je peux au moins essayer, à l’aube de sa 6e saison, de vous donner mes impressions globales sur l’ensemble de la série jusque-là. Des 5 premières saisons, je ne pourrais pas dire laquelle j’ai préférée. Elles ont chacune apporté quelque chose à la série même si malgré toutes leurs qualités, elles pouvaient avoir quelques défauts je le concède. Parlons d’abord de la courte 1ère saison qui sert en fait surtout de scène d’exposition. De ce que je me rappelle, c’est une mise en bouche efficace qui présente les différents protagonistes sous toutes leurs coutures et sans éviter leurs mauvais profils. On y découvre celle qui restera tout du long le pilier de la série : la mère au foyer veuve Nancy Botwin, dealeuse d’herbe à ses heures perdues pour joindre les deux bouts. Son quotidien, ses problèmes et ses projets constituent l’essentiel de la saison qui s’attache alors à imposer la personnalité et la philosophie de l’héroïne. Les autres, ses enfants Silas et Shane, ses fournisseurs Conrad et Heilya, son amie Celia, etc… servent quant à eux principalement de ressorts comiques. Une fois cette joyeuse bande présentée, un nouveau personnage qui deviendra le nouveau mari de Nancy fera son apparition len fin de saison avant de se révéler être lors du génial ciff final, un agent de la DEA. C'est là que les choses sérieuses commencent.
Les saisons 2 et 3, du souvenir que j’en ai gardé, se veulent plus rythmées et rocambolesques. Pour le coup, là je reconnais que des ces deux saisons, la 2 est plus aboutie et maîtrisée avec une lente et prenante ascension de l’intensité et de la quantité de twists jusqu’au point culminant que constitue le final. On sent moins de maîtrise dans la saison 3, c’est vrai, comme si les scénaristes tâtonnaient pour savoir où aller. Mais ce n’est pas pour autant que je l’ai moins aimé. Les « tâtonnements » ont souvent pris la forme de nombreux délires absurdes que beaucoup ont pu trouver pathétiques mais qui pour ma part m’ont fait encore davantage apprécier Weeds tant j’aime ce genre d’humour. Je souris encore en pensant à la « brick dance » ou à la « shit highway » et bien d’autres… Je me souviens sinon que c’est au cours de ces saisons que le personnage de Nancy m’est apparu plus complexe qu’à l’origine, avec le développement d’un conflit intérieur en elle qui voit lentement la partie d’elle attachée à certaines valeurs disparaître face à sa part d’ombre et d’opportunisme. On assiste alors à son basculement progressif dans un état d’esprit totalement criminel. Cependant, elle conservera son « amour maladroit » pour sa famille et tentera alors d’entretenir un peu d’intégrité comme pour ne pas sombrer complètement. Le personnage est ainsi en proie à de nombreuses contradictions et poursuit son chemin souvent d’un pas hésitant, mais c’est cela qui fait son charme et la rend malgré ces coup-bas ou moments de faiblesses toujours attachante.
Avec leurs « tâtonnements » en saison 3, je crois par ailleurs que les scénaristes se sont rendu compte qu’il n’y avait plus rien à tirer du concept initial de la série. Voilà probablement ce qui à forcé Weeds à se réinventer pour ses saisons 4 et 5 qui prennent alors place non plus dans la ville so middle-class d’Agrestic, littéralement abandonnée aux flammes en fin de saison 3, mais à Ren Mar, petite bourgade maritime à la frontière mexicaine sujette aux trafics de clandestins et de… drogues, bien évidemment. C’est la saison 4 qui se charge d’assurer la transition, tout en s’attachant à faire évoluer davantage les personnages secondaires, dont les enfants Botwin qui ont bien grandi depuis le temps. Nancy de son côté apparaît plus désabusée, elle semble s’être résignée à sa « malédiction » , ce qui l’amène à tenter des choses de plus en plus folles puisqu’elle pense ne plus rien avoir à perdre… puis sa nouvelle grossesse la poussera à se ressaisir en saison 5. C’est la grande différence entre les saisons 4 et 5 qui me revient à l’esprit. Une « chute » de l’héroïne dans le fatalisme tout du long de la 4e saison avant de rebondir sur la fin et de s’affirmer à nouveau en saison 5 trouvant en Esteban et Pilar, son nouveau mari politicien et baron de la drogue et son agent manipulatrice, des adversaires assez menaçants pour la contraindre à se bouger un peu. A part ça, les saisons 4 et 5 sont assez similaires, chacune donnant à la série un ton plus sombre et renforçant les personnages secondaires (non sans certains sacrifices et ratés que j’avoue avoir parfois eu du mal à pardonner… notamment la disparition d’Heylia et Conrad qui ont laissé un vide). La part de comédie ne disparaît pas pour autant et elle met d’ailleurs un point d’honneur à continuer de ne jamais craindre de repousser trop loin les limites du bon goût, ce que je considère comme une grande force de la série.
L’excellent cliffhanger final qui conclut la 5e saison illustre bien tous ces petits changements progressifs. Ainsi, face aux menaces proférées par la diabolique Pilar à l’encontre des Botwins, Shane, le cadet, après une lente et subtile évolution au long de la saison, en arrive tragiquement à devenir un meurtrier. Il tue Pilar à l’aide d’un (ridicule) maillet, sous les yeux ébahis de sa mère, non sans ajouter avec ironie : couldn’t find the golf club ! Une fin sombre qui confère à un personnage secondaire davantage d’importance. C'est dramatique à souhait et pourtant il y a aussi un côté très comique. C'est à l'image de ce qu'est devenue la série, comme je le disais.
En conclusion, avec des personnages si imparfaits mais attachants, des situations toujours plus désespérées et un humour si particulier à toute épreuve, Weeds ne m’aura que rarement déçu et je pense que jusqu’au bout je continuerai quoi qu’il arrive à prendre plaisir à suivre les mésaventures de Nancy la dealeuse maudite et de son atypique famille. Ce n'est certainement pas la série du siècle, il semble qu'il faille se prendre un peu plus au sérieux pour prétendre à ce titre en ce moment, mais quoi qu'il en soit, ça ne m'empêchera pas de l'aimer éperduemment. Que voulez-vous, nous avons tous nos chouchous de toutes façons...
Pour la saison 6 à venir, je ne me fais pas trop de souci. Je vous en ferais d'ailleurs un bilan une fois celle-ci terminée (vous me pardonnerez, je n’ai pas la force d’essayer de trouver chaque semaine dans une review les petits détails qui clochent dans un épisode, j’aime trop la série pour ça…). En tout cas, cette 6e saison semble faire le choix de partir sur de toutes nouvelles bases. Une bonne initiative à mon avis après l’acte choc de fin de saison 5. Et puis Weeds a déjà prouvé être capable de se réinventer, je ne vois donc pas pourquoi elle n’y arriverait pas une seconde fois.